Manifestation à Mayotte le 12 mars. / ORNELLA LAMBERTI / AFP

Mayotte se dirige-t-elle vers une sortie de crise ? Après plus de cinq heures de négociations avec la ministre des outre-mer Annick Girardin, mardi 13 mars, Fatihou Ibrahim, porte-parole du mouvement social qui dure depuis plus de trois semaines, a salué des « avancées réelles ».

Il a ainsi annoncé qu’une levée des barrages routiers serait proposée mercredi à la population à l’occasion d’un rassemblement au chef-lieu de l’île, Mamoudzou. « On a des avancées réelles, le plan de lutte contre l’insécurité est acté, a salué M. Ibrahim. Nous avons demandé 15 mesures d’urgence supplémentaires, la ministre s’est engagée à remettre plus d’Etat sur le territoire. »

De son côté, Mme Girardin souhaite désormais « le retour au calme dans le territoire le plus vite possible puisque nous avons devant nous un court mois de travail ». Au bout de ce délai, seront évalués par le gouvernement et l’intersyndicale les travaux engagés par trois « missionnaires » ayant accompagné la ministre dans ce voyage : Jean-Jacques Brot, ancien préfet de Mayotte, le général Lucas Lambert, directeur de la gendarmerie de l’outre-mer, et Jean Courtial, conseiller d’Etat.

« Nous espérons que l’Etat n’est pas en train de nous mener en bateau, a prévenu M. Ibrahim. C’est un travail qui est fait sur la base de la confiance, nous allons juger pendant un mois. »

Une île bloquée depuis plus de trois semaines

Depuis plus de trois semaines, Mayotte est confrontée à des grèves et des blocages pour protester contre l’insécurité et l’immigration irrégulière en provenance des Comores ainsi qu’un sentiment d’abandon de l’Etat. Mardi en début d’après-midi, la situation paraissait bloquée entre l’intersyndicale, les élus de Mayotte et le gouvernement. Après plus de trois heures de négociation, les premiers avaient refusé l’offre de dialogue lancée par Mme Girardin.

« Nous allons voir la ministre et lui expliquer que la tonalité qu’elle a donnée à sa visite n’a pas du tout plu aux Mahorais. Ceux-ci ont compris que c’était une mascarade », lançait alors Fatihou Ibrahim, qui dénonçait un « manque de respect » de la part de la ministre des outre-mer.

L’intersyndicale avait également rejeté les propositions avancées – des « sous-mesures » pour les manifestants – par Mme Girardin lundi : renforcement des forces de l’ordre dans l’île, création d’un état-major de la lutte contre l’immigration irrégulière à terre et sur mer, lutte contre les abus du droit du sol…