Xavier Niel, le 13 mars à Paris. / ERIC PIERMONT / AFP

Déception à la Bourse de Paris mardi 13 mars. Le titre Iliad, la maison mère de Free (dont le fondateur Xavier Niel est également actionnaire du Monde), a reculé de presque 10 %, alors que le groupe publiait ses résultats annuels.

La conquête d’abonnés dans l’Internet fixe ralentit. Au quatrième trimestre 2017, le groupe a gagné 25 000 clients, quand Orange et Bouygues Telecom ont respectivement conquis 83 000 et 98 000 clients. En parallèle, le revenu moyen par abonné (ARPU) a reculé de 2 %. « L’ARPU est légèrement sous pression. C’est notamment dû à notre offre couplée avec Canal+ », a reconnu Maxime Lombardini, le directeur général d’Iliad.

Pour se rattraper, Iliad mise sur la fibre, qui permet d’avoir des accès Internet à des débits supérieurs à 100 mégabits. « C’est plus sain que l’ADSL, car on ne se bat pas sur les promotions. La satisfaction du client est élevée, le “churn” (qui mesure la fidélité du client), plus faible et à terme, cela permettra de relever l’ARPU », a poursuivi le dirigeant. L’an passé, l’opérateur a construit 2 millions de prises supplémentaires, et a conquis 250 000 clients.

Dans le mobile en revanche, Free a étoffé son portefeuille d’un million de clients en 2017, et assure couvrir 86 % de la population en 4G. Dans un marché en berne, le chiffre d’affaires d’Iliad a progressé de 5,6 % à 5 milliards d’euros pour un résultat de 480 millions d’euros. « Croître en France n’est pas aussi facile qu’avant pour Iliad, mais l’opérateur dispose d’une série d’options pour accélérer en 2018 », expliquent les analystes de Raymond James.

Iliad attend beaucoup de la nouvelle Freebox

Tout d’abord, dans le mobile, Iliad espère avoir accès à 17 millions de clients supplémentaires, après un arrêt rendu vendredi par la Cour de cassation, qui a jugé illégales les subventions pratiquées par les opérateurs sur les smartphones. « Ce sont des crédits à la consommation. Les opérateurs risquent 1 500 euros d’amende par forfait vendu, de voir les contrats annulés, et peuvent être condamnés pour exercice illégal du métier de banquier », a énuméré Xavier Niel. « L’arrêt ne porte pas sur les mobiles subventionnés mais sur les offres carrées de SFR qui avaient un mécanisme particulier que nous ne pratiquons pas », rétorque un porte-parole d’Orange. Bouygues Telecom se montre plus prudent, et dit « étudier l’arrêt ».

En parallèle, Iliad attend beaucoup de la nouvelle Freebox, programmée pour cette année. « La production a commencé », annonce Xavier Niel, qui promet un effet « whaou », avant de passer aux négociations avec TF1. « Avec cette box, nous cherchions peut-être un moyen d’éviter de payer pour des chaînes gratuites », a lancé l’entrepreneur, pas prêt à rémunérer la diffusion du signal de la TNT. D’autant qu’Altice, qui a résilié ces derniers jours les contrats avec ses chaînes TNT (BFM, RMC Découverte…), est sur le point d’entamer des négociations similaires à celles de la Une.

Pour l’heure, c’est surtout l’horizon italien qui se dégage. L’opérateur, qui avait racheté en septembre 2016 des actifs de Wind et de 3 Italia, va se lancer d’ici cet été. Il abandonne à cette occasion la marque Free et misera sur la bannière Iliad. « Nos concurrents ont déposé la marque Free dans tous les sens », justifie le fondateur de Free. Le groupe a déjà investi 300 millions d’euros dans la péninsule, dispose d’une équipe de 100 personnes, et des tests de réseaux sont en cours. « En Italie, si l’on intègre tous les coûts cachés, les prix sont 1,5 fois supérieurs à ceux de la France », précise Xavier Niel, visiblement prêt à casser le marché et espérant qu’une offre « transparente » sera de nature à conquérir les clients italiens. Le mobile n’est qu’une première pierre. Iliad a entamé des discussions avec les opérateurs comme Telecom Italia afin de proposer également une offre de téléphonie fixe.