Le siège de la Commission de régulation des banques chinoises (CBRC) à Pékin, le 13 mars. / STAFF / REUTERS

La Chine va créer un « super-régulateur » financier et la banque centrale du pays va voir ses pouvoirs renforcés dans le cadre d’une vaste réorganisation institutionnelle, présentée mardi 13 mars au parlement. La fusion des régulateurs bancaire (CBRC) et de l’assurance (CIRC) vise à rendre « plus solide et plus efficace le cadre réglementaire » et à mieux « empêcher l’émergence de risques financiers systémiques », a expliqué le conseiller d’Etat Wang Yong, qui a présenté cette réorganisation.

Parallèlement, la Banque du peuple de Chine (BPC), la banque centrale chinoise, va voir ses prérogatives étendues, puisqu’elle aura aussi la responsabilité d’établir de nouvelles lois et réglementations en matière financière, une tâche jusqu’alors réservée aux régulateurs. L’institution gagne donc en importance juste avant la nomination d’un nouveau gouverneur.

  • Pourquoi cette réforme ?

Dette colossale, failles réglementaires, produits d’investissement opaques… Pékin fait face à de nombreux risques qui menacent son économie.

A eux deux, les secteurs de la banque et de l’assurance représentent 34 068 milliards d’euros, en hausse constante ces dernières années. Les actifs gérés par les compagnies d’assurance ont, par exemple, triplé entre 2011 et 2017. Cette expansion s’est faite au prix d’une accumulation de risques. De nombreux produits dits de « gestion de fortune » ont été vendus par les banques, et les assurances. Ces produits à haut rendement (7,5 % en moyenne) sont la plupart du temps garantis, effaçant la notion de risque pour les consommateurs. Mais ces garanties ne font que transférer le risque à d’autres acteurs, en l’occurrence les institutions qui vendent les assurances pour ces produits financiers.

A cela s’ajoute l’essor de la finance de l’ombre : instruments de crédit peu régulés, créances douteuses n’apparaissant pas dans le bilan des banques, ou d’institutions financières privées. La Chine s’est efforcée de renforcer la transparence, avec quelques avancées en 2017, mais le chantier reste important. En mars 2017, le président de la Commission de régulation de l’assurance chinoise (CIRC) a été limogé.

  • Qui prendra la tête de ce super-régulateur ?

Pour l’instant, aucune nomination officielle n’a été annoncée. Loué pour son efficacité, l’actuel président de la CBRC, Guo Shuqing, pourrait prendre les rênes du nouveau régulateur financier. Quant au poste de gouverneur de la banque centrale, il pourrait revenir à Liu He. Ce conseiller économique et proche du président chinois Xi Jinping, pressenti pour devenir vice-premier ministre en charge de l’économie, cumulerait alors ces deux casquettes.