L’économie mondiale se renforce, les tensions aussi. Tel est le diagnostic posé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ses dernières prévisions publiées mardi 13 mars.

  • L’activité mondiale accélère

En 2017, la croissance mondiale a enregistré sa plus solide performance depuis six ans, à 3,7 %. La tendance devrait se poursuivre et s’accentuer en 2018 et 2019, avec un taux de croissance planétaire attendu à 3,9 %, soit une révision à la hausse de 0,2 point de pourcentage pour cette année, et 0,3 point pour la suivante, en comparaison des dernières prévisions publiées en novembre. Un commerce mondial robuste, une reprise de l’investissement et un niveau élevé de confiance des ménages et des entreprises soutiennent la tendance, de même que les baisses d’impôts et les hausses des dépenses récemment annoncées aux Etats-Unis.

En zone euro, l’OCDE a procédé à de franches révisions à la hausse pour l’Allemagne, mais aussi pour la France, « aidée par l’impact des réformes récentes ». L’économie hexagonale devrait ainsi progresser de 2,2 % en 2018 et 1,9 % en 2019, soit une hausse respective de 0,4 et 0,2 point par rapport aux dernières prévisions.

Cette accélération se traduit en créations d’emplois : à l’échelle de l’OCDE, le taux de chômage est enfin tombé en deçà de son niveau d’avant-crise. Cette amélioration est toutefois inégale et a moins profité aux jeunes qu’aux travailleurs les plus âgés.

Globalement, l’OCDE tempère l’optimisme en soulignant que « les perspectives de croissance à moyen terme demeurent beaucoup plus faibles qu’avant la crise financière ».

  • Risques et tensions à la hausse

Des signaux d’alarme ont, ces dernières semaines, montré que les risques n’ont pas disparu, bien au contraire. Les taxes décrétées début mars par le président américain Donald Trump sur l’acier et l’aluminium ont ravivé les craintes d’une guerre commerciale. « Le protectionnisme est un vrai danger qui pourrait affecter négativement la confiance, l’investissement et les emplois. Les gouvernements des pays producteurs d’acier doivent éviter l’escalade », exhorte l’organisation. Une solution, suggère-t-elle, serait d’accélérer les travaux menés au sein du Forum mondial sur les surcapacités dans l’acier, une instance hébergée par l’OCDE.

L’institution souligne aussi le risque de tensions financières que peut provoquer la remontée des taux d’intérêt. En février, les marchés ont été brièvement saisis de panique, et ont semblé tabler sur un retour brutal de l’inflation.

Pourtant, celle-ci devrait demeurer « modeste », estime l’OCDE, compte tenu d’une série de facteurs tels que la faible croissance de la productivité et les évolutions sur le marché du travail comprimant les hausses de salaires. Mais de nouveaux à-coups ne sont pas à exclure sur les marchés financiers, et l’organisation appelle les banques centrales à communiquer le plus clairement possible sur les étapes de normalisation de leur politique monétaire

  • Les réformes ralentissent

Le raffermissement de la croissance mondiale offre aux gouvernements l’opportunité d’agir pour consolider le mouvement. Pourtant, « les efforts de réformes structurelles ont ralenti à la fois dans les économies avancées et émergentes, y compris en 2017, malgré des actions importantes dans certains pays du G20 tels que l’Italie, la France, le Japon, l’Inde et l’Argentine », souligne l’OCDE. Cette inertie, cumulée à la faible productivité et l’anémie des salaires, risque de compromettre les progrès dans l’élévation du niveau de vie. Et, par ricochet, entamer la confiance des peuples dans l’efficacité de leurs dirigeants.

L’OCDE appelle les Etats à mettre en place, tant qu’il est temps, un ambitieux programme de réformes, afin de renforcer les créations d’emplois, réduire les inégalités hommes-femmes et œuvrer pour une croissance plus inclusive.