Dans le centre de Conakry, des milliers de Guinéens ont manifesté, lundi 12 mars. / CELLOU BINANI / AFP

L’opposition guinéenne a utilisé la manière silencieuse pour réclamer la publication des « vrais résultats » des élections locales du 4 février. Elle a salué, lundi 12 mars, le « succès » de son opération « ville morte » à Conakry. Les rues de la capitale guinéenne sont restées désertes, tandis que les stations-service et les commerces, notamment le grand marché de Madina, le poumon économique de la capitale, étaient fermés, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP).

Le président Alpha Condé « comprendra qu’il n’est pas seul et qu’il ne sert à rien d’être arrogant et méprisant vis-à-vis de la population », a déclaré à l’AFP Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti de l’opposition.

Le parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein conteste depuis des semaines la victoire aux élections locales du parti du président Condé. Le 26 février, il avait déjà organisé une première journée ville morte qui s’était soldée par la mort d’un manifestant, tué par les forces de l’ordre.

« Aujourd’hui, on a dit journée ville morte, rentrez chez vous », lançaient des jeunes munis de bâtons sur le boulevard Le Prince, un des plus importants de la ville, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin. Dans les quartiers de Boulbinet et Sandervalia, des pneus ont été brûlés et des barricades érigées, selon le correspondant de l’AFP.

L’exaspération des Guinéens

Certains Guinéens ne partageaient pas l’enthousiasme des militants de l’opposition. « Nous ne pouvons pas aller au marché puisque toutes les routes sont barrées. Si on ne mange pas, la journée risque d’être longue pour moi et mes enfants », déplorait une habitante du quartier de Bonfi, Aïssata Soumah, selon qui la « ville morte ne devrait pas concerner les ménagères ».

En banlieue, des jeunes gens assis devant des commerces fermés dénonçaient les « interminables palabres entre le pouvoir et l’opposition ». « Nous voulons la paix, nous voulons qu’Alpha Condé s’entende avec ses opposants pour que la Guinée aille de l’avant », expliquait l’un d’eux.

Dans la matinée, des milliers de personnes, en majorité des jeunes et des femmes, ont par ailleurs manifesté dans le quartier administratif, sur la presqu’île de Kaloum, pour réclamer la fin d’un conflit qui perdure depuis un mois dans l’enseignement. Aux cris de « Alpha dégage » ou « Alpha, on en a marre », ils ont réclamé devant le palais présidentiel la réouverture des écoles, fermées depuis le 12 février en raison d’une grève lancée par une branche dissidente du Syndicat libre des Enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), qui réclame des augmentations de salaire. Ils ont été dispersés sans violence par les forces de l’ordre.