Julien Coupat, à son arrivée au tribunal de Paris, le 13 mars. / ALAIN JOCARD / AFP

Le procès Tarnac va se délocaliser le 23 mars en Seine-et-Marne sur les lieux du sabotage d’une ligne SNCF en 2008, pour lequel huit militants d’extrême gauche sont jugés, depuis mardi 13 mars. Les juges du tribunal correctionnel de Paris ont accédé à la demande de la défense de Julien Coupat, membre du « groupe de Tarnac », et de son ex-compagne Yildune Lévy.

« Le tribunal a estimé ce transport utile pour la manifestation de la vérité », a expliqué la présidente Corinne Goetzmann. Le procureur de la République, Olivier Christen, ne s’est pas opposé à ce déplacement, une mesure exceptionnelle pour un procès en correctionnelle. Mme Goetzmann a précisé que cette visite se ferait en présence du tribunal, des procureurs, greffiers, des prévenus et de leurs avocats.

Huit militants d’extrême gauche comparaissent depuis mardi pour « association de malfaiteurs » après le sabotage d’une ligne de TGV en novembre 2008. Ils avaient été arrêtés peu après dans le village corrézien de Tarnac, qui est devenu le symbole de l’affaire.

Enlisement de l’enquête

Présentée alors comme relevant du terrorisme, le gouvernement de l’époque mettant en avant les « risques de résurgence violente de l’extrême gauche », l’enquête s’est ensuite enlisée, plusieurs failles apparaissant dans la procédure. La qualification terroriste a finalement été abandonnée, mais la justice doit désormais décider si les prévenus ont bel et bien commis l’acte de sabotage de 2008.

L’accusation repose notamment sur un procès-verbal de surveillance policière de M. Coupat et Mme Lévy la nuit du sabotage, alors qu’aucun des 18 agents impliqués dans la filature ne les a vus effectuer de sabotage. La défense, qui dénonce la pression politique exercée à l’époque et les failles des services antiterroristes, conteste la véracité de ce document.

« Vous ne pourrez vous forger une conviction qu’en vous rendant sur les lieux. Confronter les écrits des policiers à la réalité, c’est constater qu’ils ont menti », a plaidé MJérémie Assous, avocat de Julien Coupat. Pour le procureur M. Christen, ce déplacement en Seine-et-Marne « permettra de voir que les constatations effectuées par les policiers sont réelles ».