Sadiq Khan, le maire de Londres, au festival SXSW à Austin, Texas, lundi 12 mars. / STRINGER / REUTERS

« Sadiq Khan n’est qu’un terroriste musulman gay. » « Il faut tuer le maire de Londres et vous serez débarrassés d’un terroriste musulman. » « Les musulmans n’ont aucune dignité. J’aimerais que Sadiq Khan se fasse exploser comme ils le font tous. » Lundi 12 mars, à Austin (Texas, Etats-Unis), sur une scène du prestigieux festival SXSW consacré aux nouvelles technologies, le maire de Londres, Sadiq Khan, a lu, les uns après les autres, six violents tweets qui lui avaient été adressés. « Je pourrais continuer, encore et encore. »

Elu en 2016 à la tête de la capitale britannique, le travailliste Sadiq Khan est devenu le premier maire musulman d’une grande capitale occidentale. Ce qui lui a valu des torrents de messages de haine sur Internet. Parmi les tweets lus par le maire, certains sont toujours en ligne, des mois après leur publication.

« Aller plus loin et plus vite »

« Posez-vous la question, a-t-il demandé aux spectateurs, venus en masse assister à sa conférence. Que se passe-t-il quand des jeunes garçons et des jeunes filles issus de minorités voient ce genre de choses dans leurs timelines, ou les vivent eux-mêmes ? Ou quelqu’un qui envisage de devenir politicien ? »

Le maire de Londres a poursuivi en désignant la responsabilité des grandes plates-formes du Web. Si celles-ci « commencent enfin à réagir aux critiques », elles ne suppriment « pas assez rapidement » les contenus illégaux. « Avec les compétences et les moyens que ces entreprises ont à leur disposition, je pense qu’il est possible d’aller plus loin et plus vite. » Pour lui, « aucune entreprise ni industrie ne devrait jamais se considérer au-dessus des lois locales ». Il a rappelé la menace que faisaient peser sur eux plusieurs gouvernements : celle de légiférer, comme l’a déjà fait l’Allemagne l’an dernier, en leur imposant de supprimer en vingt-quatre heures les contenus problématiques.

Sadiq Khan n’est toutefois pas tendre avec les gouvernements, qui, selon lui, « ont regardé le train passer alors que la révolution numérique était en marche ». « Les politiciens et législateurs ont manqué à leur devoir, celui de s’assurer que la croissance rapide des technologies soit utilisée et dirigée dans un sens qui bénéficie à tous. »