L’essentiel

  • Depuis plus de trois semaines, un mouvement social agite Mayotte. Une grève générale touche l’île depuis le 20 février, avec au centre des revendications des Mahorais la question de l’insécurité et des conditions de vie.

  • Mayotte, devenue département français le 1er janvier 2014, est l’un des territoires les plus pauvres de France et connaît un taux de chômage de 26 % (le taux national est de 9,2 %). L’île est aussi la destination de très nombreux migrants venant des îles voisines des Comores.

  • La contestation est partie d’une série de violences contre et au sein d’un lycée professionnel le 19 janvier. Il s’est durci, le 5 mars, avec la mobilisation des maires réunis dans une coordination des élus. Les dix-sept élus de l’île avaient décidé unanimement de fermer les portes de l’ensemble des mairies à l’issue d’une réunion avec le préfet.

  • Une élection législative partielle doit se tenir les 18 et 25 mars.

  • La ministre de l’outre-mer, Annick Girardin, est arrivée à Mayotte, lundi 12 mars, pour tenter de « renouer le dialogue », elle a rencontré les représentants du mouvement et les élus.

Un début de sortie de crise encore fragile

Mercredi 14 mars, les dirigeants du collectif et de l’intersyndicale devaient exposer dans la matinée à la population, réunie place de la République, à Mamoudzou, le chef-lieu du département, la teneur de l’accord de principe conclu mardi soir avec la ministre des outre-mer, Annick Girardin, au terme de cinq heures de discussion.

La veille, le porte-parole de la contestation, Fatihou Ibrahim, avait salué « des avancées réelles ».

Les représentants devaient proposer à la population la suspension du mouvement et la levée des barrages. C’est une journée cruciale pour le mouvement, mais les représentants ont été durement accueillis mercredi par la base des manifestants.

Les engagements :

  • Des mesures d’urgence de renforcement de la sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine ;
  • Trois missionnaires du premier ministre et qui accompagnaient Annick Girardin (l’ancien préfet de Mayotte Jean-Jacques Brot, le conseiller d’Etat Jean Courtial et le général Lambert Lucas) vont rester sur place et vont travailler avec l’ensemble des acteurs sur tous les points posés, à partir notamment de la plate-forme de revendications élaborée au cours de la mobilisation ;
  • La reconnaissance, dans le travail qui va être engagé et y compris en termes de financement, des associations qui luttent contre l’insécurité et l’immigration clandestine ;
  • Et également : la sécurisation des écoles et des transports, le démantèlement des bandes qui font régner la terreur à Mayotte, la lutte contre les hébergements de complaisance et les reconnaissances d’enfants de complaisance, le recensement des quartiers illégaux et la création d’un observatoire dédié, la suspension pendant un mois de la délivrance des titres de séjour (hors renouvellement).

Le chiffre

1,8

C’est en milliards d’euros le coût du « plan de convergence » qui s’étalerait sur dix ans et qui avait été présenté début mars par le comité de coordination des maires au gouvernement. Pour Saïd Omar Oili, le président de l’association des maires, c’est le prix que doit payer l’Etat s’il veut « mettre en place les conditions de tranquillité des Mahorais ». Il comprend des investissements de plusieurs millions d’euros dans des équipements culturels et sportifs, l’habitat, l’eau, les transports ainsi que dans des constructions solaires.

L’image

La ministre de l’outre-mer, Annick Girardin vêtue d’un salouva traditionnel, discute avec des Mahorais. / ORNELLA LAMBERTI / AFP

La ministre Annick Girardin avait été interpellée à son arrivée, lundi, par les Mahorais, dans une ambiance confuse. A même le sol, le dialogue s’est engagé avec les manifestants et notamment les femmes, nombreuses sur les barrages. D’un côté, une volonté de rassurer, de convaincre ; de l’autre, un flot de doléances, de drames personnels et de scepticisme dans sa capacité à faire bouger les choses.

Et maintenant ?

Le gouvernement et les représentants du mouvement se sont donné un mois, au-delà des mesures d’urgence de renforcement de la sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine déjà actées, pour engager un travail de fond et élaborer un plan de rattrapage et de développement de Mayotte. Celui-ci va être mené par les trois hauts fonctionnaires missionnés par le premier ministre.