La pression était maximale pour les soutiens à Conor Lamb, le candidat démocrate, qui suivaient les résultats mardi 13 mars à Canonsburg (Pennsylvanie). / Drew Angerer / AFP

Une chose est sûre : le parti républicain du président Donald Trump a perdu une partie de sa base électorale lors d’une élection partielle en Pennsylvanie, mardi 13 mars. Mais les résultats étaient trop serrés pour déterminer le vainqueur. Le républicain Rick Saccone et le démocrate Conor Lamb sont au coude-à-coude après le dépouillement de 99% des bureaux de vote. Sur plus de 224 000 voix, le démocrate enregistrait une avance de 847 voix mardi soir. Mais plus de 3 000 voix par correspondance doivent encore être comptées dans deux comtés, ce qui devrait prendre « plusieurs heures », selon l’un des responsables électoraux interrogés sur CNN.

Quoiqu’il arrive, ce résultat marque une progression exceptionnelle du parti démocrate, dans une circonscription remportée par Donald Trump avec près de 20 points contre Hillary Clinton en novembre 2016, et où le parti démocrate avait renoncé à présenter des candidats aux deux dernières élections. « L’avance de Trump de 20% en 2016 a fondu à... oh, 0%. Pour l’instant, c’est ça qui compte », résume le politologue Larry Sabato.

Les démocrates, même s’ils échouent à conquérir la 18e circonscription de Pennsylvanie, ancienne région industrielle et bastion ouvrier, espèrent que leur haut score dopera l’enthousiasme de leurs sympathisants à huit mois des élections législatives de mi-mandat, lorsque la totalité de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat seront renouvelés.

Un enjeu symbolique

Les instances nationales du parti démocrate avaient cherché à faire de ce scrutin un référendum sur Donald Trump, persuadées que l’occupant de la Maison Blanche a perdu de sa superbe dans les régions économiquement sinistrées qui l’ont plébiscité en novembre 2016. Mais le candidat démocrate lui-même s’en était bien gardé, conscient que pour l’emporter, il devrait convaincre des électeurs de la classe ouvrière qui restent fidèles au président. Ce qui complique la stratégie politique des démocrates, qui cherchent à équilibrer leur message entre une dénonciation virulente des politiques de Donald Trump et une main tendue à ses électeurs.

Les habitants « sont très nombreux à vouloir que je travaille avec le président », avait dit Conor Lamb, dans cette circonscription au sud de Pittsburgh, ex-capitale de l’acier. En campagne, cet ancien procureur et avocat militaire avait d’ailleurs pris soin de ne pas railler ou critiquer le chef de l’Etat. Sur le fond, il partage certaines opinions : il est notamment opposé à un resserrement des lois sur les armes et il soutient les tarifs douaniers imposés récemment sur l’acier et l’aluminium étrangers.

L’élection de mardi, à elle seule, ne modifiera pas l’équilibre de la Chambre des représentants où la majorité républicaine est large, avec 238 sièges sur 435. L’enjeu était davantage symbolique. Le parti démocrate croit que la Chambre, au moins, est à portée de main en novembre, et peut-être le Sénat. Il ciblera en priorité les dizaines de circonscriptions actuellement aux mains des républicains mais où Donald Trump a fait des scores inférieurs à celle de mardi.

Jusqu’à présent, ils ont échoué à ravir des sièges républicains lors d’élections partielles. Leurs succès électoraux sont venus lors de scrutins plus locaux, ou pour des postes de gouverneurs et lors de la sénatoriale de l’Alabama (sud-ouest), quand ce sont les populations entières des Etats qui étaient appelées aux urnes.