Après Angelina Jolie, Alicia Vikander reprend le costume de l’héroïne de jeux vidéo Lara Croft (ici, avec Daniel Wu). / ILZEK KITSHOFF

L’avis du « Monde » – à éviter

Jusqu’au début des années 2000, Lara Croft, l’héroïne de l’univers Tomb Raider (Angelina Jolie dans ses deux premiers volets au cinéma), était une aristocrate millionnaire, baroudeuse et sexy, arpentant des sites exotiques en tenues moulantes. En 2018, à l’occasion du reboot (« redémarrage ») de la saga, le personnage, sous la silhouette plus fluette de la Suédoise Alicia Vikander, est désormais devenu une jeune Londonienne sans le sou qui livre sur son vélo des repas à domicile, se refusant de toucher à l’héritage d’un père absent.

Pas sûr que sa refonte aux standards contemporains du « politiquement correct » puisse repêcher de quelque façon cette franchise, tirée d’une série de jeux vidéo des années 1990-2000, qui surfait sur l’imaginaire des récits d’exploration à énigme et détournait le motif de la femme forte au profit d’un pur fantasme « geek ». Cette nouvelle mouture, signée aux Etats-Unis par le réalisateur norvégien Roar Uthaug, joue comme beaucoup d’autres la carte du récit originel, c’est-à-dire remontant aux sources juvéniles d’un personnage tel qu’identifié par la culture populaire.

Sur les traces de son père

Qu’était donc Lara Croft avant de devenir Lara Croft ? Evidemment, une jeune fille à la recherche elle-même de ses origines, en la personne d’un père adoré, Lord Richard Croft (Dominic West), explorateur porté disparu depuis des années et sur les traces duquel elle décide de partir. Elle se plonge alors dans ses travaux inachevés sur Himiko, reine maléfique dont la sépulture gît dans une île perdue au sud du Japon, en pleine mer du Diable. Arrivée sur place, grâce à l’aide d’un chalutier hongkongais (Daniel Wu), elle tombe sur les mercenaires d’une organisation nommée Trinity, lancés eux aussi sur la piste de la sépulture maudite.

Tomb Raider - Bande Annonce Officielle (VF) - Alicia Vikander
Durée : 02:01

A aucun moment Roar Uthaug ne parvient à sortir de la platitude cette aventure de près de deux heures, plombée par une mise en place aussi interminable qu’inutile, et imbibée de conventions et de facilités. Le parcours d’énigmes, normalement le sel du récit, est survolé avec une paresse inimaginable (les différents casse-tête qui se présentent à Lara Croft sont tous réglés en moins de deux), l’action réduite à la portion congrue et la relation père-fille d’une teneur émotionnelle quasiment nulle. On se demande bien ce qu’il reste même de Tomb Raider dans ce film si craintif de prêter le flanc à la moindre forme de défouloir (c’était en partie le but des jeux vidéo) ou de mauvaise pulsion qu’il en devient parfaitement insipide.

Film américain de Roar Uthaug. Avec Alicia Vikander, Dominic West, Daniel Wu, Kristin Scott Thomas, Walton Goggins (1 h 58).