Carlos, le 9 décembre 2013. / BERTRAND GUAY / AFP

Quarante-quatre ans après l’attentat meurtrier du Drugstore Publicis à Paris, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, a été condamné jeudi 15 mars en appel à la réclusion criminelle à perpétuité. La figure du terrorisme « anti-impérialiste » des années 1970-1980, qui a refusé de comparaître ce dernier jour du procès, n’était pas présente pour entendre la confirmation de la peine déjà infligée en mars 2017 pour avoir lancé une grenade dans la galerie marchande du grand magasin parisien, faisant deux morts et trente-sept blessés le 15 septembre 1974.

Carlos a été jugé jeudi par une cour d’assises spéciale, composée de magistrats professionnels, chargée des crimes terroristes. Près de quarante-quatre ans après les faits, en l’absence d’ADN ou d’aveux, l’avocat général Rémi Crosson du Cormier avait dit mercredi son « intime conviction » de la culpabilité de l’accusé et avait requis la perpétuité. Pour le magistrat, « l’ensemble des éléments de l’enquête permettent de dépasser le doute raisonnable » et désignent Carlos comme « l’auteur de l’attentat perpétré au Drugstore ».

Pour l’accusation, cet attentat visait à faciliter la remise en liberté d’un Japonais arrêté à Orly, membre de l’Armée rouge japonaise (ARJ) et d’une branche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Carlos était devenu l’un des bras armés du FPLP en Europe. La grenade jetée au Drugstore était, selon cette hypothèse, le moyen de pression choisi par Carlos pour accélérer la libération du révolutionnaire nippon.

« Une marque commerciale »

De son côté, la défense du militant, Me Francis Vuillemin, a dénoncé une « faillite de la justice », qui « n’a jamais suivi de piste alternative », condamnant un homme en se fondant sur des preuves « fragiles » ou « manipulées ». L’avocat avait appelé la cour à respecter « la loi du doute » qui doit profiter à l’accusé, « même s’il vous raconte des exécutions de sa main, même s’il est un tueur, même s’il a cet orgueil de décrire sa trajectoire d’une violence sans limite ».

Isabelle Coutant-Peyre, son avocate historique, devenue sa compagne en détention, avait par avance dénoncé un procès qui « n’a pas de sens » et avait parié « à cent pour cent » sur une condamnation tant Carlos est « une enseigne, une marque commerciale, une franchise choisie par la police, par l’Etat français ».