Rémy Poncet, nom de scène Chevalrex. / Mathieu Zazzo

Rémy Poncet a longtemps envisagé la musique comme un art du bricolage. Que ce soit sous son nom d’artiste, Chevalrex, ou comme micro-entrepreneur, avec un label, Objet Disque, qui le voyait produire des groupes comme Midget ! ou Grand Veymont. Après un premier album, Catapulte, à tirage plus que réduit (200 exemplaires), et un second en 2016, Futurisme, l’exposant davantage à la lumière, voici un troisième, Anti Slogan, qui confirme que ses symphonies de poche gagnent à ne pas rester des plaisirs solitaires.

Débuts dans l’indie rock

Aujourd’hui parisien, le chanteur s’est d’abord fait connaître comme militant pop dans sa Valence (Drôme) natale. Un frère aîné lui fait connaître l’indie rock. Ils forment Les Frères Nubuck. Chacun a depuis tracé sa route. Le grand frère, connu sous le nom de Gontard, adepte d’une chanson électro plus anxiogène, a publié cet hiver un nouvel album, Tout naît/Tout s’achève dans un disque. Rémy Poncet est marqué par l’esthétique du label français Lithium, accueillant, au début des années 1990, les premières productions de Dominique A, Bertrand Betsch ou Jérôme Minière. À 15 ans, il se procure une guitare, un synthétiseur et un magnéto, pour mettre à son tour la main à la pâte. « Je n’ai jamais fait de musique pour le plaisir de la pratique instrumentale, précise Chevalrex. Dès l’adolescence, mon but a été de mettre en boîte de courtes créations. »

Chevalrex - L'adversaire (Official Video)
Durée : 04:02

À sa démarche d’artisan pop s’ajoute un goût de la création visuelle qui mènera parallèlement le jeune homme au métier de graphiste. D’abord actif au sein d’une petite scène valentinoise, dopée par la réussite du groupe local Dionysos, le jeune Poncet affirme doucement l’identité d’un projet Chevalrex entre délicatesse et ambition orchestrale. Fruit de sa passion pour les miniatures symphoniques des Beach Boys ou le lyrisme intimiste des Tindersticks, le second album, Futurisme, marque l’apogée et la fin d’une méthode. « L’intérêt suscité par ce disque m’a poussé à m’impliquer à plein temps dans la musique et à ne plus tout faire par moi-même », reconnaît celui qui, pour l’occasion, a délaissé ses activités graphiques tout en se rapprochant d’autres musiciens.

L’unique démiurge de Chevalrex invite ainsi trois instrumentistes à inventer avec lui les bases d’Anti Slogan. Aux côtés du batteur Sylvain Joasson (Mendelson, Phoebe Killdeer…) et du multi-instrumentiste Olivier Marguerit, alias O, (Syd Matters…), l’élégance ultracréative du guitariste Mocke (ex-Holden, dont les albums solo sont publiés par Objet Disque) fait des merveilles. « Mocke possède la liberté d’un saxophoniste de jazz », s’enthousiasme Poncet. De retour dans sa chambre, Chevalrex a ensuite modelé la matière de ses sessions en dix chansons, avant de les décorer d’arrangements enregistrés à Skopje, en Macédoine, avec un orchestre de trente musiciens. Pour un ensemble coloré, entre souffle romantique et confidence, parfait pour évoquer ce qu’il définit dès la première chanson de l’album, comme « moi face aux mouvements du cœur, moi face au monde et ses lueurs ».

Album « Anti Slogan » (Vietnam/Because). Concerts : le 24 mars, festival Nouvelle(s) Scène(s) (Niort) ; le 29 mars, aux Étoiles (Paris) ; le 9 avril, au Tétris (Le Havre). Renseignements : www.chevalrex.net