Coup dur pour les formations françaises : elles perdent du ­terrain dans le classement des 100 meilleurs MBA du monde paru dans le « Global MBA Ranking » du Financial Times (FT), au profit de leurs rivales asiatiques et américaines. L’Insead cède la première place à l’américaine Stanford, après deux années à la tête du très prestigieux classement des formations à temps complet sur un ou deux ans, conçues pour de jeunes professionnels ayant un peu d’expérience.

Tout un symbole pour l’école de Fontainebleau, également installée à Singapour, car le « Global MBA Ranking » établi par le quotidien britannique est la référence des classements, le palmarès le plus attendu par de ­potentiels élèves. Et pour cause : pour ­déterminer une hiérarchie des 100 meilleurs MBA « full time » du monde, le Financial ­Times interroge 155 écoles ainsi que les ­anciens élèves diplômés en se basant sur une vingtaine de critères.

Classement 2018 des 100 meilleurs Global MBA selon le Financial Times. / Le Monde

Sur la troisième marche du podium, après l’Insead, on trouve Wharton, l’école de ­commerce de l’université de Pennsylvanie aux Etats-Unis, déjà numéro 3 en 2017. Aux quatrième et cinquième places se trouvent deux autres établissements « de référence », la London Business School et la Harvard ­Business School.

Pas de reconnaissance officielle

Le classement met surtout l’accent sur le ­niveau de salaire perçu à la sortie du MBA ainsi que sur la progression salariale obtenue grâce au diplôme. Autrement dit, sur le fameux « retour sur investissement » financier du participant, à l’issue d’une formation dont le prix atteint souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros – de 30 000 à 100 000 euros, parfois beaucoup plus outre-Atlantique.

Il ne faut pas se fier à tous les classements, qui répondent à leur propre logique et dont certains contiennent de fausses informations.

Pour s’y repérer, le comparatif réalisé par le site de comparaison salariale Emolument.com auprès de salariés diplômés depuis trois à cinq ans révèle que, si les universités américaines sont les plus « rentables » sur le marché, les établissements français permettent eux aussi un retour sur investissement. Le site a collecté les données salariales de 1 020 titulaires de MBA, diplômés en 2011, 2012 et 2013. Il ­apparaît que les cursus les plus rentables ne sont pas les plus prestigieux, dont les frais, les plus élevés, ne garantissent pas aux anciens élèves des rémunérations différentes des autres écoles.

Cependant, il ne faut pas se fier à tous les classements, qui répondent à leur propre logique et dont certains contiennent, volontairement ou pas, de fausses informations (des écoles majorent les salaires à la sortie ou ­modifient les données pour obtenir une meilleure place dans les classements).

Prudence, donc, car si le diplôme peut remplir son rôle d’accélérateur de carrière et être considéré comme un atout par des recruteurs, des réalités très différentes se cachent parfois derrière le terme « MBA ». En effet, les MBA – près de 300 en France et plus de 20 000 dans le monde –, ne bénéficient d’aucune reconnaissance officielle dans l’Hexagone. Le terme « MBA spécialisé », en particulier, n’a pas grande signification, puisque ce type de diplôme doit pouvoir aider à… sortir de sa spécialisation.

Le Graal de la « triple couronne »

Premier gage de qualité, donc, l’école qui le délivre doit appartenir à la Conférence des grandes écoles (CGE) car, même si elle ne se prononce pas sur le contenu du diplôme, les écoles qui en sont membres délivrent des ­diplômes visés par l’Etat.

Rares sont les écoles décorées de la « triple couronne ». Elles ne sont qu’une quinzaine en France.

Ces formations de troisième cycle ont ­explosé ces dix dernières années. Cependant, certains labels permettent de ne pas se perdre. Sur le ­marché ultracompétitif, deux ­labels européens et un américain aident à ­juger de la qualité d’un MBA. Mais rares sont les écoles décorées de la « triple couronne ». Elles ne sont qu’une quinzaine en France, et 70 % des établissements triplement couronnés dans le monde se trouvent en Europe.

Le label AMBA, délivré par l’Association of MBAs, un organisme britannique, se base sur des critères pointus, dont la qualité de l’enseignement, le contenu des programmes, ainsi que l’insertion des diplômés. Une vingtaine d’écoles françaises ont reçu l’accréditation AMBA parmi les 200 qui en sont titulaires dans le monde.

Autre label : Equis (European Quality Improvement System), délivré depuis dix ans par l’European Foundation for Management ­Development (EFMD). Attention, il accrédite l’établissement pour une durée de trois à cinq ans, et non chaque formation. Dix-sept établissements en France ont reçu ce label. La fondation attribue également le label EPAS, moins sélectif qu’Equis, qui évalue ­uniquement la qualité d’un programme et non l’école. Il concerne une quinzaine de ­formations en France.

Troisième gage de qualité : l’AACSB. Vieux d’un siècle, ce label, délivré par l’Association to Advance Collegiate Schools of Business, concerne essentiellement des écoles américaines et une vingtaine d’écoles françaises.

Les PDG français bien notés

Si le MBA est un diplôme de référence en Amérique ou en Asie, les employeurs français restent très attachés aux noms des écoles sur les CV de leurs cadres (Polytechnique, les Mines, Centrale, HEC, Essec, ENA, Sciences Po…). En 2015, une étude d’un chasseur de têtes Heidrick & Struggles montrait que les titulaires d’un MBA n’étaient que 21 % parmi les dirigeants des 120 premières entreprises françaises, contre 37 % en 2011.

Cela n’empêche pas les patrons français de se hisser sur la deuxième marche du podium des « PDG les plus performants du monde » en 2017, avec 14 dirigeants selon le Top 100 de la Harvard Business Review. Un score qui place l’Hexagone en deuxième position derrière les Etats-Unis (38 patrons) et devant le Japon (7).

Les accréditations des MBA se révèlent donc surtout essentielles pour la communication des écoles et universités, particulièrement dans le cadre du classement « Global MBA Ranking » du Financial Times, le seul à faire foi dans le maquis de ce juteux business.

Participez au MBA Fair du Monde, samedi 17 mars à Paris

Le groupe Le Monde organise, samedi 17 mars, au palais Brongniart, à Paris, la huitième édition du MBA Fair, le Salon des MBA & Executive Masters.

Cet événement est destiné aux cadres qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière, et renforcer leur employabilité. Sont attendus les responsables de plus de 35 programmes de MBA et d’Executive Masters parmi les plus reconnus des classements internationaux, dans des domaines variés : stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management… Des conférences thématiques animées par un journaliste du Monde, ainsi que des prises de parole organisées par les écoles présentes sont également prévues.

L’entrée est gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente.

Ce Salon sera précédé de la publication, dans Le Monde daté du jeudi 15 mars, d’un supplément sur les MBA, à retrouver également sur notre page Lemonde.fr/mba.