Après quelques mois de campagne et un débat télévisé, les quatre candidats à la tête du Parti socialiste, Luc Carvounas, Olivier Faure, Stéphane Le Foll et Emmanuel Maurel s’en remettent ce jeudi 15 mars au vote des militants. L’enjeu est de taille pour les concurrents alors que seulement deux d’entre eux seront qualifiés pour le second tour, le 29 mars. Les militants doivent se prononcer sur les quatre textes d’orientations proposés par chacun des candidats.

  • Olivier Faure, le favori

Olivier Faure, 49 ans, est considéré comme le favori du scrutin. Son texte « Socialistes, le chemin de la renaissance » est celui qui a reçu le plus de soutiens, de la maire de Lille Martine Aubry à l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le député de Seine-et-Marne, président du groupe Nouvelle Gauche de l’Assemblée nationale, porte une candidature de « rassemblement ». Il entend proposer une méthode de refondation pour renouveler le PS et ses instances. Selon plusieurs observateurs, « à moins de 35 %, ce serait un échec » pour le candidat, souvent critiqué pour son supposé manque de charisme.

  • Stéphane Le Foll, le Hollandais

Stéphane Le Foll est le second candidat tenant de la ligne majoritaire du PS. A 58 ans, l’ancien ministre de l’agriculture de François Hollande porte le texte d’orientation n° 2 intitulé « Cher.e.s camarades ». Le député de la Sarthe entend rassembler les sociaux-démocrates et compte sur son verbe haut et sa notoriété pour porter la voix du parti dans le débat public. Souvent critiqué par ses adversaires pour son côté « clivant » et son opposition jugée trop frileuse à la politique d’Emmanuel Macron, il incarne le bilan du précédant quinquennat qu’il a défendu tout au long de la campagne. Selon le candidat, « les choses bougent sur le terrain » en sa faveur. Il espère se qualifier au second tour.

  • Emmanuel Maurel, le frondeur

Emmanuel Maurel est le seul représentant de l’aile gauche du parti. A 44 ans, le député européen porte le texte d’orientation n° 4 intitulé « L’Union et l’Espoir ». Proche du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon dont il a été l’assistant parlementaire, il propose de s’allier avec l’ensemble des forces de gauche « antilibérales ». Il s’inscrit dans la lignée des anciens frondeurs du quinquennat de François Hollande. Considéré comme la révélation du débat télévisé, son objectif est de faire mieux qu’au congrès de Toulouse de 2012. Déjà candidat, il avait alors obtenu 13 % des voix et il s’était qualifié au second tour, avant de perdre face à Harlem Désir.

  • Luc Carvounas, l’ancien vallsiste

Luc Carvounas est celui qui est parti le plus tôt en campagne, dès le mois de novembre 2017. A 46 ans, le député du Val-de-Marne est le premier signataire du texte d’orientation n°1 intitulé « Un Progrès partagé pour faire gagner la gauche ». L’ancien vallsiste défend désormais ce qu’il nomme la gauche « arc-en-ciel », pour une alliance de « l’ensemble des forces progressistes, écologistes et républicaines ». Souvent critiqué pour son « grand écart idéologique », l’ancien maire d’Alfortville compte sur sa « loyauté » et sur son passé de militant pour tenter de se qualifier.

Mode d’emploi

102 000 adhérents du PS sont appelés aux urnes, même si la direction nationale table sur la participation de 30 000 votants. Pour prendre part au scrutin, il faut avoir été adhérent du parti pendant au moins un an depuis 2015 et se remettre à jour de cotisation en 2018, ce qui sera possible dans les bureaux de vote.

Dans les Bouches-du-Rhône, les militants ne pourront payer que par chèque et devront avoir obtenu un reçu fiscal pour les années 2015 ou 2016. Des mesures inédites décidées par l’ensemble des candidats et réservées à ce département, par crainte d’irrégularités dans la fédération.

Aucune procuration n’est autorisée. Le vote est physique est non pas électronique, malgré le souhait de M. Carvounas. Les militants doivent donc se rendre dans les quelque 3 200 sections du parti entre 17 heures et 22 heures pour y participer. Les résultats remonteront ensuite des sections aux fédérations et jusqu’au siège du parti.

Rue de Solférino, un représentant de chaque candidat sera présent pour s’assurer du bon déroulement du scrutin. « Nous avons mis en place tous les processus pour qu’il n’y ait pas de fraude », assure Rachid Temal, coordinateur du PS, également à la tête de la commission de récolement en cas de litige.

Les candidats sont plus méfiants : « On n’est jamais à l’abri de rien. On surveillera partout, pour que le scrutin soit incontestable et incontesté », confie M. Faure qui a prévu d’effectuer ses propres remontées de votes grâce à ses assesseurs. Même précaution dans l’entourage de M. Le Foll. « On a demandé à voir les résultats de toutes les fédérations. Si jamais il y a des fraudes, c’est tout le PS qui va perdre. Ce serait catastrophique », prévient l’une des proches du candidat.

De son côté, M. Carvounas veut croire que le scrutin se passera bien : « Ce serait de la pure folie de se prêter à ce genre de pratique. Alors qu’on a fait une bonne campagne, qu’on a réussi le débat, ce n’est pas la peine de tout gâcher, pas maintenant, pas comme ça, pas de là où on part ! », s’exclame le député du Val-de-Marne. Quant à M. Maurel, il invoque Lénine pour rappeler « ce bon vieux principe : “la confiance n’exclut pas le contrôle” : nous serons vigilants ».

Si l’écart entre les candidats est suffisamment significatif dès jeudi soir, leur ordre d’arrivée sera dévoilé avant minuit par la direction nationale du parti. Les résultats définitifs ne sont attendus que le lendemain.