Après avoir développé des modèles de livraison express à domicile dans les grandes villes, la grande distribution s’intéresse à la « foodtech », cette filière de jeunes entreprises qui s’est développée sur le créneau de la livraison à domicile de repas ou de composants de repas, à destination d’une clientèle urbaine et active.

Le groupe Carrefour a annoncé, jeudi 15 mars, l’acquisition de la société Quitoque, une start-up fondée en 2014 à Paris, championne en France de la livraison de paniers-repas avec 3 millions de repas livrés en 2017. Lancée par Etienne Boix, Céline Nguyen et Grégoire Roty, trois trentenaires ambitieux, elle s’est positionnée sur la vague du manger sain et propose chaque semaine un panier contenant les ingrédients ainsi que les recettes pour réaliser jusqu’à 5 plats prêts en 30 minutes.

Le montant de cette opération n’a pas été dévoilé, ni les pourcentages de détention. Mais Carrefour acquiert plus de 70 % du capital, le reste étant entre les mains des fondateurs qui resteront aux commandes de la société. Elle compte 60 employés environ.

Pour Carrefour, l’opération est stratégique, car elle permet de renforcer son offre numérique, avec des synergies en matière d’approvisionnement ou de logistique, mais aussi d’acquérir une meilleure connaissance des habitudes des consommateurs et des fichiers clients plus précis. Le distributeur complète aussi son offre de services dans la livraison de courses à domicile, de la commande de paniers entiers de courses sur son site Internet Ooshoop.fr – prochainement rebaptisé Carrefour.fr –, à la livraison en une heure de produits alimentaires et non alimentaires de dépannage au travers de son service Carrefour Express, présent dans 15 villes de France, et pour lequel elle s’est associée avec la société de coursiers Stuart.

Une consolidation du secteur

Le secteur de la foodtech est en pleine ébullition. Selon les prévisions de Xerfi en novembre 2017, le chiffre d’affaires du marché français devrait quintupler pour passer de 200 millions d’euros en 2016 à 1 milliard en 2020. « Pour autant, les acteurs peinent à être rentables, affichant des pertes colossales pour certains d’entre eux, relève Xerfi. Et avec un taux de défaillance de 28 % des entreprises de foodtech entre 2016 et 2017, la viabilité des business models reste à démontrer. Take Eat Easy et Tok Tok Tok ont été contraints de mettre la clef sous la porte en 2016. Une situation qui permet d’anticiper la consolidation, inéluctable à terme, des sociétés de livraison de repas autour de 2 à 3 leadeurs maximum ».

Frichti, qui livre des plats préparés dans ses cuisines à domicile, était parvenu à lever 30 millions d’euros en mai 2017. Tandis que le groupe Sodexo s’est offert, au mois de janvier, une participation majoritaire dans FoodChéri, lancée en avril 2015 et spécialisée dans les livraisons de repas.

Pour les distributeurs, la préparation de repas constitue un prolongement naturel de l’activité. Aux Etats-Unis, le géant Walmart a annoncé début mars qu’il se lançait dans la commercialisation de ses propres kits repas, en ligne et dans 250 de ses magasins américains. Et en Chine, le géant du commerce en ligne Alibaba serait en discussion pour racheter la plate-forme de livraison de repas Ele.me, qui signifie « tu as faim ? » en mandarin.