Pour beaucoup, il s’agissait de leur première manifestation et celle-ci s’est révélée la plus importante depuis des années sur le sujet des armes. / Marcio Jose Sanchez / AP

« Protégez notre avenir, pas les armes à feu. » : des dizaines de milliers d’élèves américains ont interrompu les cours, mercredi 14 mars, et ont exigé de Donald Trump des mesures pour prévenir de nouvelles tueries dans des écoles.

De New York à la Californie, de Chicago jusqu’au Texas, ces adolescents avaient minutieusement préparé des pancartes et répété des slogans, pour cet événement baptisé « National School Walkout » (« Marche nationale de l’école »). A Washington, des centaines d’entre eux ont afflué vers la Maison Blanche, lançant des slogans hostiles à la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes. Certains, assis, avaient les larmes aux yeux.

Pour beaucoup, il s’agissait de leur première manifestation, et celle-ci s’est révélée la plus importante depuis des années sur le sujet des armes, que beaucoup d’Américains estiment relever de leurs droits les plus fondamentaux.

La tuerie du lycée de Parkland, en Floride, a fait 17 victimes, et a profondément marqué le pays. / Mike Stocker / AP

Cette mobilisation visait aussi à rendre hommage aux victimes d’un massacre au fusil semi-automatique dans le lycée de Parkland, en Floride, un mois jour pour jour après le drame. L’interruption des cours était censée durer dix-sept minutes, une minute pour chaque mort de la tuerie. Mais, dans de nombreuses écoles, les élèves ont dépassé cette durée.

A Parkland, les élèves ont scandé avec insistance « Stop à l’inaction !» « Nos hommes politiques, nos représentants au Parlement, notre président, notre gouverneur ne parlent pas en notre nom. C’est vraiment regrettable. Voilà pourquoi c’est à nous de réagir », a expliqué Emiro Portillo, un élève du lycée.

« Parkland sera la dernière fusillade »

Des manifestants à Washington, portant une pancarte : « Abolissons la NRA » / J. Scott Applewhite / AP

A Washington, les manifestants ont rallié la Maison Blanche au Capitole, siège du Congrès. Symboliquement, sept mille paires de chaussures avaient été déposées mardi devant l’imposant bâtiment, en hommage aux sept mille enfants tués par arme à feu depuis cinq ans.

« Nous voulons montrer au Congrès et aux hommes politiques que nous n’approuvons pas, que nous n’allons pas continuer à rester silencieux », confiait Brenna Levitan, une lycéenne de 17 ans. « Parkland sera la dernière fusillade ».

Plusieurs membres du Congrès sont venus à la rencontre des jeunes manifestants. Parmi ces élus, l’ex-candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders a été applaudi telle une star du rock.

La « National School Walkout » a monté en puissance avec les mots d’ordre #Enough (« Cela suffit ») et #NeverAgain (« Plus jamais ça ») sur les réseaux sociaux.

Le mouvement se déclare résolument opposé à « toute législation qui viserait à fortifier les écoles avec davantage d’armes ». Une voie que l’exécutif a empruntée lundi. La Maison Blanche a présenté une série de mesures qui prévoient de former au maniement des armes des enseignants volontaires et de renforcer la présence de policiers et de gardes armés dans les écoles.

La réponse de la Maison Blanche critiquée

Le président Trump a fait savoir mercredi qu’il partageait « les préoccupations des élèves quant à la sécurité dans les écoles », mais sans revoir ces propositions. « Armer les enseignants est tout simplement une mauvaise idée », jugeait Farah Parmah, 17 ans, devant le Capitole. « S’il se passe quelque chose, le professeur aura-t-il le courage de tirer ? »

A New York, une cinquantaine d’initiatives se sont déroulées. Au lycée Edward Murrow de Brooklyn, le maire démocrate, Bill de Blasio, est venu encourager les participants, qui s’étaient affublés d’accessoires orange, la couleur associée à l’événement.

« Prenez-vous la main et pas les armes », « Ecoutez vos enfants », ont scandé les adolescents. « Il faut des lois contre les armes. Nous comprenons que des gens aient besoin (d’une arme) pour protéger leur famille, mais cela est devenu incontrôlable », estimait Katherine Volovik, 17 ans.

Les élèves américains ont prévu de se retrouver à nouveau le samedi 24 mars pour un grand rassemblement contre les armes à feu à Washington, ainsi que dans des dizaines d’autres grandes villes américaines. / Joe Johnston / AP

A l’autre extrémité du pays, Makena Cioni, 16 ans, faisait le même constat. « J’étais en CM2 quand des enfants ont été tués à (l’école) Sandy Hook. Je me souviens que, même à cet âge-là, je me suis dit que les adultes devaient agir... Et plusieurs années plus tard, rien n’a bougé, les fusillades continuent », disait cette élève du lycée de Venice à Los Angeles.

Coïncidence du calendrier, Nikolas Cruz, le tireur de Parkland, a comparu mercredi pour sa mise en accusation formelle. Le jeune homme de 19 ans, les membres enchaînés, s’est assis prostré dans la salle d’audience, en évitant les regards. Les procureurs de la Floride ont annoncé leur intention de requérir la peine de mort à son encontre.

Les élèves américains ont prévu de se retrouver à nouveau le samedi 24 mars pour un grand rassemblement contre les armes à feu à Washington, ainsi que dans des dizaines d’autres grandes villes américaines.