Les étudiants ne sont pas les seuls à se perdre dans l’offre de formation à la française. Pour les employeurs non plus, la tâche n’est pas aisée. Notamment quand il s’agit d’analyser le Master of Business Administration (MBA), un diplôme multiforme, dispensé par qui veut bien le proposer, non reconnu par l’Etat français et d’origine américaine. « Entre un excellent IAE, une grande école de management et un MBA, difficile pour un recruteur de faire la différence », confirme Bénédicte Ravache, la secrétaire générale de ­l’ANDRH, l’association nationale des DRH français.

La vision des recruteurs sur ce qu’est le MBA est donc souvent floue. Tous se rejoignent pour préciser que ce cursus ne promeut que les salariés appelés à des fonctions de direction. « Pour un manageur en devenir, ce diplôme est un signe de maturité professionnelle, de reconnaissance. Mais il doit être financé par l’employeur », estime Eric Beaudouin, ‭directeur général d’Oasys Consultants, un cabinet d’outplacement disposant de bureaux à Paris, Aix, Lyon et Bordeaux. Une façon polie ­d’expliquer que ce cursus est à ­déconseiller aux cadres en transition professionnelle.

Un atout à géométrie variable

Le MBA consolide une candidature, mais ne la transforme pas. « J’ai une vision très positive des MBA, explique Jean-Christophe Sciberras, DRH France du groupe de chimie Solvay (6 000 salariés en France). Ces cursus délivrent une culture “business/international/management” qui nous intéresse. Dans le monde de la chimie, un double cursus ingénieur et MBA constitue un vrai avantage. » Mais cela concerne peu de personnes : chez Solvay, le nombre de hauts potentiels représente 6 % ou 7 % des 7 000 manageurs du groupe au niveau mondial. Soit 500 futurs dirigeants. L’entreprise finance tout au plus dix MBA par an.

Tout dépend aussi du secteur dans lequel on travaille. Il existe des branches de l’économie particulièrement intéressées par ces diplômés. Le conseil en est un. « Ces doubles diplômés savent ­manipuler, analyser, interpréter les données tout en ayant l’habitude de construire, brainstormer en équipe. Ils ont l’habitude d’un environnement multiculturel et savent convaincre tant à l’écrit qu’à l’oral », considère Rémi Legrand, président de Consult’in France, le syndicat des cabinets de conseil (5 000 recrutements prévus en 2018) et associé d’Eurogroup Consulting. « Nous recrutons nos patrons de centres de profits, ­d’entreprises, parmi ces profils très ambitieux », ajoute Nicolas Jachiet, président de Syntec-Ingénierie (53 000 recrutements prévus en 2018, dont 90 % d’ingénieurs).

Des cursus sur mesure

Reste que tous les manageurs n’ont pas besoin d’un MBA pour accélérer leur carrière. Loin s’en faut. Ainsi, sur les 800 000 ingénieurs exerçant leur métier en France, la moitié a une fonction d’encadrement. Mais seulement 10 % disposent d’un double ­diplôme ingénieur-manageur… « Le MBA rassure les recruteurs. Il leur garantit une capacité à travailler en anglais, mais il existe des MBA peu internationaux », observe Antoine Morgaut, le président de Syntec Conseil en recrutement, le syndicat des cabinets de recrutement en France (115 structures) et dirigeant Europe et Amérique latine du recruteur Robert Walters.

« Certains candidats persistent à confondre leur plaisir avec le réalisme du marché. » Antoine Morgaut, président de Syntec Conseil en recrutement

S’il est particulièrement intéressant pour les ingénieurs, « il n’est pas d’une grande utilité pour les diplômés français d’écoles de management, ajoute-t-il. Certains candidats persistent à confondre leur plaisir avec le réalisme du marché. Il faut suivre un MBA pour améliorer sensiblement ses compétences. Dans ce cas, cela a un impact. »

Le MBA demeure donc une ­valeur sûre pour le dirigeant en devenir sachant l’utiliser. Mais il peut être contourné. D’autant que les employeurs – surtout dans les grands groupes – recherchent des moyens pour abaisser les coûts de formation. Dans le cadre de ces mesures d’économie, le MBA est aujourd’hui concurrencé par des formations internes au management ou à la stratégie, se développant à travers les universités d’entreprise. Et permettant de fidéliser les cadres en question.

De plus en plus d’entreprises prévoient de recruter des diplômés récents de MBA. / Le Monde

Pour le très haut potentiel, c’est alors un excellent moyen de franchir des échelons sans passer par l’onéreuse et chronophage case MBA. « En interne, les entreprises françaises souhaitent développer des cursus sur mesure pour leurs cadres de très haut niveau. Elles développent une logique gagnant-gagnant. L’employeur promeut le collaborateur, le rattache à ses ­enjeux pour que ce dernier développe sa société et transforme son potentiel en performance immédiatement comptabilisable », ­conclut Catherine Laval, experte en management des hauts potentiels pour Leroy Consultants, ­entité du groupe BPI.

Participez au MBA Fair du Monde, samedi 17 mars à Paris

Le groupe Le Monde organise, samedi 17 mars, au palais Brongniart, à Paris, la huitième édition du MBA Fair, le Salon des MBA & Executive Masters.

Cet événement est destiné aux cadres qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière, et renforcer leur employabilité. Sont attendus les responsables de plus de 35 programmes de MBA et d’Executive Masters parmi les plus reconnus des classements internationaux, dans des domaines variés : stratégie, marketing, finances, ressources humaines et management… Des conférences thématiques animées par un journaliste du Monde, ainsi que des prises de parole organisées par les écoles présentes sont également prévues.

L’entrée est gratuite, la préinscription est recommandée pour éviter l’attente.

Ce Salon sera précédé de la publication, dans Le Monde daté du jeudi 15 mars, d’un supplément sur les MBA, à retrouver également sur notre page Lemonde.fr/mba.