Le trophée de la Coupe du monde exposé au Caire, le 15 mars, dans le cadre d’une tournée mondiale. / MOHAMED ABD EL GHANY / REUTERS

La date a été entourée en rouge par les dirigeants de la Fédération internationale de football (FIFA). Le 13 juin, à la veille de l’ouverture de la Coupe du monde en Russie, la FIFA désignera l’hôte du Mondial 2026. La dernière fois, cela s’était mal passé : l’attribution des éditions 2018 et 2022 est au cœur des scandales qui ont bouleversé l’instance. La double désignation de la Russie et du Qatar est émaillée de soupçons de corruption, comme c’est devenu la norme : l’attribution des éditions 1998, 2006, 2010, 2018 et 2022 fait l’objet d’enquêtes des autorités judiciaires américaines, suisses, allemandes et françaises.

Avant de quitter contraint et forcé la présidence de la FIFA, le Suisse Sepp Blatter en a bouleversé le fonctionnement, dès 2011. Ce n’est ainsi plus le gouvernement de la FIFA, à la croisée de tous les scandales, qui choisit le pays hôte du Mondial, mais les 211 fédérations nationales membres de l’instance.

Le vote du congrès, à Moscou, devient dès lors capital pour les diplomates du ballon rond, qui devront départager deux candidatures que tout oppose : le trio composé des Etats-Unis, du Mexique et du Canada fait figure de favori face au Maroc, qui rêve de devenir le deuxième pays africain à accueillir le tournoi après l’Afrique du Sud (en 2010) et a été battu à quatre reprises lors des scrutins d’attribution des Mondiaux 1994, 1998, 2006 et 2010.

Les deux postulants avaient jusqu’au vendredi 16 mars pour déposer leur dossier d’organisation, qui sera examiné par la « task force d’évaluation ». Laquelle transmettra ses évaluations au conseil de la FIFA, qui validera ou pas les candidatures.

Un attelage Mexique-Etats-Unis, malgré Trump

Grands perdants du vote de 2010 face au Qatar (par 14 voix contre 8), les Etats-Unis ont vécu ce revers comme « un pas en arrière », comme le reconnaît Sunil Gulati, architecte de la candidature nord-américaine et qui vient de démissionner de la présidence de son comité. Le scrutin pour le Mondial 2026 a ainsi des airs de revanche, même si le projet est différent.

La candidature commune est considérée comme un handicap par l’ancien président Sepp Blatter, partisan « par principe » du dossier marocain, compte tenu de « la très difficile organisation conjointe du Mondial 2002 par la Corée du Sud et le Japon ».

La triple organisation, argue Sunil Gulati, faciliterait toutefois l’organisation d’un tournoi élargi : la Coupe du monde réunira pour la première fois 48 équipes – contre 32 aujourd’hui – qui disputeront 80 matchs (contre 64). La FIFA table sur une hausse du chiffre d’affaires de 600 millions d’euros grâce à ce format élargi voulu par son président, Gianni Infantino.

« Cette collaboration historique entre trois pays signifie que nous pouvons respecter les nouvelles exigences de ce nouveau format et même faire mieux, et ainsi aider la FIFA à tirer le meilleur parti de ces nouvelles possibilités avec un faible risque opérationnel, assure M. Gulati, toujours membre du gouvernement de la FIFA. Les infrastructures que nous avons déjà en place en sont la base. L’Amérique du Nord abrite les stades les plus grands, les plus écologiques et les plus technologiquement avancés du monde. »

Pour convaincre les électeurs, M. Gulati rappelle les « treize compétitions de la FIFA » déjà organisées par le trio nord-américain et l’héritage du Mondial 1994 aux Etats-Unis. Sur un plan géopolitique, les relations conflictuelles entre Washington et Mexico et la figure clivante du président américain, Donald Trump, ne risquent-elles pas de dissuader certains pays de voter pour le trio ? « Je suis confiant dans le fait que les votants se décideront sur la base des mérites de notre candidature et non pas en fonction de la politique du moment », balaye Sunil Gulati.

La France soutiendra le Maroc

Dans leur grande majorité, les fédérations européennes sont plus séduites par la candidature marocaine, qui se veut celle d’un continent et sera soutenue par la Confédération africaine de football. Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, votera d’ailleurs en faveur du Maroc pour des raisons historiques, politiques et économiques.

« Nous avons un pays à taille humaine, une heure de vol sépare les stades les plus éloignés, il n’y a qu’un seul fuseau horaire pour tout le territoire et nous disposons d’une excellente connectivité autoroutière et aéroportuaire », développe Moulay Hafid Elalamy, président du comité de candidature et ministre de l’industrie du Maroc.

« Le plan de stades intègre cinq enceintes existantes qui seront mises à niveau, ainsi que trois stades ultramodernes en projet, comme le Grand Stade de Casablanca avec ses 93 000 places », ajoute le patron de la candidature marocaine. Pour les six stades supplémentaires requis par la FIFA, le royaume privilégierait le « concept révolutionnaire de stade modulaire », dont la taille peut être réduite après la compétition. La seule Coupe du monde de l’histoire sur le continent a laissé en héritage à l’Afrique du Sud des enceintes trop grandes, inutilisées et dont les coûts d’entretien dépassent largement les recettes.