La maquette de la City de Londres au Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) à Cannes, le 13 mars 2018. / VALERY HACHE / AFP

Attirer les investisseurs à Londres, éviter que la perspective du Brexit ne voit les capitaux et les emplois fuir vers les places financières de Paris ou Francfort... Catherine McGuinness, présidente du comité politique de la City of London Corporation, l’institution qui dirige le quartier d’affaires londonien, est venue au Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), qui s’achevait vendredi 16 mars à Cannes (Alpes-Maritimes), défendre l’attractivité de ce « Square Mile », un mille carré qui concentre gratte-ciels, banques et sièges sociaux.

« La City est toujours le leadeur du secteur financier, nous restons un carrefour mondial pour les affaires. Le Brexit est un défi, mais les fondamentaux sont bons », veut rassurer Mme McGuinness, à deux pas de la maquette lumineuse du quartier d’affaires installée dans le pavillon de Londres, l’un des plus imposants du Mipim. Mais la représentante de la City, après avoir visité les stands des autres métropoles européennes, sait que la concurrence s’organise pour profiter de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. « Tout le monde veut capter des emplois, c’est normal, dit-elle. Ce que fait La Défense est très intéressant, le développement concerté au sein du Grand Paris aussi. »

L’annonce du groupe Unilever, jeudi 15 mars, qui a décidé de quitter Londres pour regrouper son siège social à Rotterdam aux Pays-Bas ne favorisait pourtant pas l’optimisme de la délégation britannique. Depuis le vote du Brexit, des banques comme HSBC, Bank of America ou JPMorgan, des sociétés comme UBS et Lloyd’s, des agences européennes ont annoncé quitter la City pour Paris, Amsterdam, Dublin, Francfort, Bruxelles... Pour autant, Catherine McGuinness ne voit « aucun signe d’un “Brexodus” », un exil massif lié au Brexit.

« Nous quittons l’Union européenne, pas l’Europe »

La City of London Corporation a publié début mars, en prévision du Mipim, une enquête selon laquelle les investisseurs institutionnels, les chefs d’entreprise et les promoteurs continuent de placer Londres en tête des meilleures villes européennes pour les affaires, loin devant Paris et Francfort. Ainsi, « 1 200 sociétés s’installent dans la City chaque année. Nous avons 1,7 million de mètres carrés de nouveaux bureaux en développement dans des immeubles de grande hauteur, et on sait que ce sera insuffisant à partir de 2022 », assure la représentante de la City.

Surtout, pour Catherine McGuinness, un exode des entreprises serait une mauvaise nouvelle pour toute l’Europe. « Par notre taille, notre écosystème, nous avons une offre unique en Europe ; les autres villes ont de bons quartiers d’affaires, mais pas de ce niveau, estime-t-elle. S’il devait y avoir un Brexodus, ce serait vers New York ou Singapour, pas vers Paris ou Francfort. » C’est pourquoi la responsable de la stratégie politique de la City dit chercher avant tout « à nouer des partenariats de long terme avec les métropoles européennes ».

« Nous quittons l’Union européenne, pas l’Europe, rappelle Catherine McGuinness. Il faut que nous trouvions un accord ambitieux pour continuer à travailler ensemble. » Avec un constat désabusé : « Nous étions contre le Brexit. Nous avons fait campagne pour rester dans l’UE. Maintenant, il nous faut être pragmatiques... mais ça nous prend tellement d’énergie que nous n’avons plus le temps de nous occuper de nos autres défis, les mutations du monde du travail, les révolutions technologiques... » Une autre menace à moyen terme pour le quartier d’affaires.