L’événement lyrique qui se tient depuis 1869 au Théâtre antique d’Orange (ici, « Il Trovatore », en 2015). / PHILIPPE GROMELLE

Le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a voté, vendredi 16 mars, le principe de création d’une société publique locale (SPL), dont l’objectif est de prendre rapidement en main le destin des Chorégies d’Orange (Vaucluse), menacées de faillite. Une « opération sauvetage » du plus ancien des festivals français souhaitée par le président (LR) de la région, Renaud Muselier, qui assure en avoir validé le principe, jeudi 15 mars, avec la ministre de la culture, Françoise Nyssen.

« Nous voulons sauver les Chorégies et nous avons le soutien de l’Etat et des autres collectivités concernées, le conseil départemental du Vaucluse et la ville d’Orange », assure M. Muselier, qui évoque « la nécessité de réagir très vite pour sauver l’édition 2018 ». « Si on ne bouge pas, le festival est mort », prophétise le président de la région PACA, qui abondait jusqu’alors le budget des Chorégies à hauteur de 250 000 euros.

1,6 million de dette

L’événement lyrique, qui se tient depuis 1869 au Théâtre antique d’Orange, affiche des difficultés financières depuis plusieurs années. Au printemps 2016, Raymond Duffaut, l’historique directeur général des Chorégies, estimait déjà qu’un « refinancement public [était] nécessaire » à la survie du festival. Depuis, malgré un taux d’autofinancement rare de près de 85 %, les Chorégies ont continué à creuser leur dette, qui, en ce début d’année 2018, atteindrait, selon la région, 1,6 million pour un budget de près de 6 millions d’euros.

Lundi 12 mars, le commissaire aux comptes de la structure a lancé une procédure d’alerte et a annoncé aux collectivités une imminente situation de cessation de paiements, alors que l’édition 2018 doit s’ouvrir le 20 juin. Une mise en garde qui a poussé Renaud Muselier à soumettre son plan de sauvetage aux élus régionaux dès la séance plénière de mars. « La gestion n’était pas bonne, et nous souhaitons la contrôler, explique M. Muselier. Notre offre garantit la reprise des cinq salariés de la structure et le maintien de l’édition 2018, pour ­laquelle plusieurs milliers de billets ont déjà été vendus. » Et de poursuivre : « Il n’est pas question de laisser mourir les Chorégies, qui sont un atout d’attractivité pour notre région, mais je suis adepte du principe “qui paye décide”. On ne peut continuer à mettre de l’argent public dans un puits sans fond. »

Pas d’engagement chiffré

Le président de la région souhaite prendre personnellement la présidence de la SPL créée pour l’occasion. Le plan régional prévoit le lancement d’un audit sur la gestion des Chorégies, et la mise en place, au côté de son conseil d’administration, d’un « conseil d’orientation », au sein duquel M. Muselier veut « réunir l’ensemble des partenaires historiques du festival, mais aussi des mécènes, et l’Etat pour définir la stratégie des Chorégies ». Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo et responsable artistique du festival depuis mai 2016, resterait, lui, en fonctions.

Si elle vote en urgence le principe de la création d’une SPL, la région PACA n’a, pour l’instant, chiffré aucun engagement financier. « On verra après l’audit, mais nous nous engageons à soutenir la structure », promet son président, qui compte également sur la hausse ou le maintien des subventions des autres collectivités engagées, dont la municipalité, dirigée par Jacques Bompard, fondateur de la Ligue du Sud, parti d’extrême droite.

En décembre 2017, Renaud Muselier avait été lourdement critiqué pour avoir supprimé une partie des subventions régionales au marché-festival des musiques du monde Babel Med, à Marseille. Une décision qui a provoqué l’annulation de l’édition 2018.