Le ministre français de l’intérieur, Gérard Collomb, qui a débuté jeudi soir une visite de trois jours au Niger, a prôné une action « en amont » contre les passeurs, avant la réunion Europe-Afrique prévue vendredi 16 mars et consacrée à la lutte contre les réseaux.

« Nous devons lutter » contre ces réseaux « par une action en amont, au plus près des pays d’origine et de transit des migrants », a déclaré au quotidien français Le Figaro M. Collomb, qui a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière une priorité, avec 303 filières démantelées en 2017.

La réunion de Niamey, qui doit rassembler des représentants africains (Tchad, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal et Libye) et européens (Allemagne, Italie, Espagne et Union européenne), permettra de parler de « l’appui […] à apporter aux pays d’Afrique pour les aider à mieux se coordonner pour démanteler les réseaux de trafiquants d’êtres humains », a assuré M. Collomb dans l’édition de vendredi du quotidien.

Des « pactes migratoires »

Il s’agit de « renforcer les coopérations avec l’Afrique », a-t-il ajouté, en se félicitant que le Niger ait commencé à « barrer la route du Nord qui traversait le Sahara pour aller en Libye ». La conférence s’inscrit dans la logique des « pactes migratoires » initiée au sommet de La Valette en 2015, qui vise à corréler soutien européen et lutte des pays africains contre l’immigration irrégulière.

Après les sommets Union européenne-Afrique d’août 2017 à Paris et de novembre à Abidjan, la conférence de Niamey permettra de tirer « un premier bilan » des mesures initiées : formation des forces de police et de gendarmerie, aide au contrôle des frontières et création de fichiers d’identité, notamment.

Le ministre français de l’intérieur a particulièrement plaidé pour « la constitution d’un véritable état civil dans les pays africains », nécessaire pour que ceux-ci émettent les documents permettant à la France de leur renvoyer leurs ressortissants en situation irrégulière.

En 2016, seuls 46 % de ces « laissez-passer consulaires » ont été délivrés à temps pour permettre une expulsion, selon un récent rapport du Sénat français. Avec une durée maximale de rétention de quarante-cinq jours, « il est illusoire d’imaginer pouvoir recueillir à temps ces documents », a martelé M. Collomb, qui a défendu l’allongement à quatre-vingt-dix jours (voire cent trente-cinq en cas d’obstruction) du délai prévu dans son projet de loi sur l’immigration. Le ministre est accompagné de huit députés pour ce déplacement, organisé en amont de l’examen au Parlement de ce texte controversé.