• Philippe Boesmans
    Pinocchio

    Divers solistes, Orchestre symphonique de la Monnaie, Patrick Davin (direction)

Pochette de l’album « Pinocchio », de Philippe Boesmans. / CYPRÈS

Un opéra inédit sans support visuel ? Celui de Philippe Boesmans – le septième de ce Belge de 81 ans – tient la gageure. A l’écoute de ce Pinocchio (découpé en 23 scènes avoisinant un total de deux heures), on peut se passer de mise en scène (tout comme du DVD d’accompagnement, qui caricature les pratiques du compositeur), d’autant que le spectacle débute par une évocation musicale de ce qu’a longtemps vu… un aveugle. L’imaginaire fonctionne donc d’abord à partir du son. L’Ouverture en témoigne d’emblée. « Ouverture », au sens propre de partition d’accueil, où s’entrecroisent de nombreuses musiques, populaires ou savantes. La captation en live (à la Monnaie de Bruxelles, où l’œuvre a été donnée en 2017, trois mois après sa création au Festival d’Aix-en-Provence) permet d’apprécier la vitalité d’une distribution de grande classe (emmenée par l’irrésistible Stéphane Degout) et le tour de force (tant vocal qu’instrumental) d’une écriture illusionniste, donc trompeuse, judicieusement mise au service d’un conte sur les méfaits du mensonge. Pierre Gervasoni

2 CD et 1 DVD Cyprès.

  • Jean-Paul Gasparian
    Etudes-Tableaux, op. 39, de Rachmaninov. Sonate pour piano n° 2, op. 19, de Scriabine. Trois Etudes, op. 65, de Scriabine. Sonate pour piano n° 2 en ré mineur, op. 14, de Prokofiev

Pochette de l’album du pianiste Jean-Paul Gasparian consacré à Rachmaninov, Scriabine et Prokofiev. / EVIDENCE CLASSICS

C’est avec trois compositeurs russes que Jean-Paul Gasparian, pianiste de 22 ans formé au Conservatoire de Paris, se présente pour son entrée au disque : Rachmaninov, Scriabine et Prokofiev. En ouverture, les Etudes-Tableaux, de Rachmaninov, dans lesquelles l’autorité pianistique du jeune homme s’impose. Aisance, équilibre et clarté règnent dans les neuf pièces qui constituent le cycle unifié sous ses doigts. Gasparian évoque sans asséner, laissant à l’auditeur l’espace pour se créer son propre parcours narratif. Dans la Sonate n° 2 de Scriabine, empreinte d’un « pianisme chopinien », sonne un piano ductile, aux lignes amples. Une atmosphère qui contraste avec les Trois Etudes écrites près de quinze plus tard, dans lesquelles Gasparian se délecte de la richesse harmonique aux multiples climats d’un Scriabine explorant de nouvelles sonorités. C’est avec une autre facette de la modernité russe, celle de la percussive Sonate n° 2, de Prokofiev, impeccable de rigueur et de précision rythmique, que se clôt le programme de cet album plus que prometteur. Anna Sigalevitch

1 CD Evidence Classics.

  • Fatboy Slim
    You’ve Come a Long Way, Baby

Pochette de l’album « You’ve Come a Long Way, Baby », de Fatboy Slim. / SKINT RECORDS-BMG

En octobre 1998, sortait You’ve Come a Long Way, Baby, le deuxième album de Fatboy Slim, pseudonyme du multi-instrumentiste, producteur et DJ anglais Norman Cook. Vingt ans plus tard, réédité dans la collection « The Art of the Album », il a conservé tout son impact et sa fantaisie musicale. Même ceux qui ne juraient que par le rock et se montraient rétifs à l’électro, forme globale du disque, ont été alors emballés. De fait, les figures rythmiques renvoient souvent aux motifs de base employés dans le rock, comme les ponctuations de riffs de guitare (The Rockafeller Skank, Fucking In Heaven), les parties chantées sont restreintes à quelques mots dans l’évidence de seuls refrains, les samples renvoient à une histoire musicale large. Ici et là, des traces de gospel (Praise You), de funk, de soul (Soul Surfing), de calypso (Gangster Tripping) viennent donner une impulsion swing. Toujours excitant pour les oreilles, donc, et désormais institué à raison en classique, au-delà de sa capacité à susciter l’envie de danser. Sylvain Siclier

1 CD Skint Records/BMG.

  • Zuco 103
    Etno Chic

Pochette de l’album « Etno Chic », de Zuco 103. / ZUCOSOUND/INOUÏE DISTRIBUTION

Enregistré à Amsterdam (hormis pour le percussionniste « VIP » Marcos Suzano, qui a fourni sa partie depuis un studio de Rio), Etno Chic est le sixième album du trio brésilo-néerlandais formé par Lilian Vieira (chant), Stefan Schmid (claviers, programmations) et Stefan Kruger (batterie, programmations). Joyeuse, funky (avec une pointe de ragga), dansante, leur mixture électro-pop et samba a l’élégance de la légèreté. Quasiment toutes les chansons sont de la plume de Lilian Vieira, à la voix acidulée ou amoureuse. Elle parle de ses états d’âme, hybrides et changeants, entre amour désabusé et nouvelle aurore sentimentale, fait allusion à la réalité politique chaotique du Brésil (Na Luta) et rend hommage à l’architecte brésilien Joao da Gama Filgueiras Lima (Song For Lelé), un « poète du béton » qui a amélioré la vie de beaucoup. Patrick Labesse

1 CD Zucosound/Inouïe Distribution.