SFR en a terminé avec les mauvaises nouvelles. C’est le message qu’a essayé de faire passer Altice, la maison mère de l’opérateur, qui publiait jeudi 15 mars ses résultats annuels.

Au quatrième trimestre, une période traditionnellement propice pour les opérateurs télécoms, SFR a gagné en France 80 000 clients mobiles et n’en a perdu « que » 45 000 dans le fixe, contre 61 000 l’an passé. « Avec un point d’attention unique sur le consommateur, nous avons fait des progrès significatifs. Dans le mobile, c’est notre meilleur trimestre en deux ans », s’est félicité Dennis Okhuijsen, patron d’Altice Europe, la structure qui coiffe la France, le Portugal, Israël et la République dominicaine.

A quel prix, cependant, ce gain d’abonnés a-t-il été réalisé ? Le chiffre d’affaires de SFR a reculé de 4,5 % au quatrième trimestre à 2,7 milliards d’euros, quand celui d’Orange remontait de 1,7 %.

Dennis Okhuijsen veut quand même voir dans ces performances commerciales les premiers effets de l’organisation mise en place ces derniers mois. Longtemps absent de l’organigramme, Patrick Drahi a repris un poste de président d’Altice en novembre. Et à la rentrée, Armando Pereira, son coactionnaire, est venu aux commandes de SFR.

A la traîne de ses concurrents

En 2017, SFR est resté à la traîne de ses concurrents. Dans le mobile, il a conquis 199 000 abonnés, contre 717 000 pour Orange et 500 000 pour Bouygues Telecom. Free revendique un million de clients supplémentaires. Dans le fixe, SFR a perdu 170 000 clients, quand Orange en a gagné 339 000, Bouygues Telecom et Free 135 000.

Au total, le chiffre d’affaires de SFR a reculé l’an passé de 1,7 % à 10,8 milliards d’euros. La marge s’est toutefois améliorée, le groupe ayant mené un plan de réduction de postes portant sur un tiers de ses effectifs l’an passé.

Même si elle est rentable, SFR doit absolument poursuivre ses efforts en 2018, et gagner de nouveaux clients. Tout d’abord, parce que ses charges vont mécaniquement monter cette année. SFR va perdre 200 millions d’euros d’Ebitda (qui correspond approximativement à l’excédent brut d’exploitation), à la suite d’une modification de la TVA sur la presse.

L’opérateur devra également commencer à payer les droits de la Ligue des champions, diffusée à la rentrée prochaine et acquise pour un montant annuel de 350 millions d’euros. Et mardi 20 mars, Alain Weill, PDG de SFR, et fondateur de NextRadioTV (BFM, RMC…), groupe racheté par Patrick Drahi, présentera un nouveau plan d’action.

Réforme de la stratégie de « convergence »

Au cœur du sujet, la réforme de la stratégie de « convergence » entre les médias et les télécoms défendue par le groupe ces deux dernières années, qui consistait à vendre un package complet comprenant accès Internet et contenus, mais qui n’a pas porté ses fruits. D’ores et déjà, SFR a modifié ses offres d’abonnement à ses box, en retirant SFR Presse, la chaîne premium Altice Studio et sa chaîne sport SFR Sport.

En toile de fond de cette refonte, le fardeau de la dette d’un montant de 30 milliards d’euros pour Altice Europe et de 15 milliards d’euros pour SFR. Le groupe débourse 2 milliards d’euros de frais financiers chaque année, selon l’analyste Stéphane Beyazian, de Raymond James. « Notre objectif est de réduire notre niveau d’endettement », a expliqué Dennis Okhuijsen. Il espère vendre « 40 à 60 % du parc de tours de télécommunications » pour 2 milliards d’euros, et veut également se désengager de ses tours au Portugal.

Si, à court terme, ces cessions devraient alléger sa dette, elles vont aussi augmenter les charges du groupe, désormais obligé de louer ses infrastructures télécoms. Une pression supplémentaire qui rendra encore plus nécessaire d’accroître les ventes.