Les manifestants réclament « une Slovaquie décente » , contre la corruption et en mémoire au journaliste décédé, Jan Kuciak, à Bratislava vendredi 16 mars. / JOE KLAMAR / AFP

La démission du premier ministre Robert Fico n’aura pas réussi à calmer la gronde populaire. Au moins 20 000 manifestants se sont réunis vendredi 16 mars au soir à Bratislava pour réclamer des élections anticipées. « La Slovaquie est sur une mauvaise pente », « Nous voulons des élections », « Une Slovaquie honnête pour nos enfants » ou encore « Laissez le peuple décider », clamaient leurs banderoles.

Les organisateurs du mouvement « Pour une Slovaquie honnête », qui réclame notamment une enquête indépendante sur l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, affirmaient s’attendre à des manifestations dans 34 villes slovaques et 25 villes à l’étranger.

Apparemment, la démission du premier ministre de gauche, réclamée lors des récentes manifestations, et la désignation pour le remplacer de son vice-premier ministre Peter Pellegrini, du même parti politique Smer-SD (démocracie sociale), n’a pas affaibli la mobilisation de ses critiques. « Une démission ne suffit plus. Ils doivent quitter la vie publique. Qu’ils s’en aillent ! Assez ! » a déclaré un militant monté sur le podium, Filip Vagac.

Le « modèle polonais »

De son côté, M. Pellegrini a entamé vendredi des négociations sur la formation de son gouvernement, qui doit représenter, outre sa formation à tendance sociale-démocrate Smer-SD, les partis Most-Hid (centre droit, proche de la minorité hongroise) et SNS (droite nationaliste).

« Je peux vous assurer que ce sera un gouvernement qui conservera une claire orientation pro-européenne, a-t-il déclaré dans un communiqué. Et surtout, je crois que ce sera un gouvernement qui calmera la situation dans notre pays. »

M. Fico avait démissionné jeudi, dans le sillage de l’assassinat de Jan Kuciak. Ce dernier avait enquêté sur la corruption et sur des liens entre des hommes d’affaires italiens soupçonnés de relations avec la mafia calabraise, la’Ndrangheta, et des hommes politiques slovaques, y compris dans l’entourage du Premier ministre.

Selon des analystes, le remplacement de M. Fico par M. Pellegrini n’apporte pas de changement significatif. Ainsi, la Slovaquie pourrait voir s’installer maintenant le « modèle polonais » : M. Fico, qui garde la présidence de son parti, devrait « devenir une éminence grise dirigeant le Premier ministre en coulisse », comme le laissent prévoir ses propos.