A Mamoudzou, la préfecture de Mayotte, qui n’est pourtant pas entravée par les barrages, les électeurs ne se bousculent pas. La législative partielle organisée dimanche 18 mars à la suite de l’invalidation de l’élection de Ramlati Ali (La République en marche), qui avait devancé de 12 voix le candidat Les Républicains, Elad Chakrina, ne mobilise pas les foules. En juin 2017, 42,3 % des quelque 38 000 inscrits avaient pris part au scrutin.

Cette partielle se tient dans des conditions très particulières, du fait du mouvement de grèves et de blocages qui paralyse l’activité du département depuis le 20 février. « Pour acheminer le matériel électoral, il a fallu déployer des trésors d’imagination, rapporte Le Journal de Mayotte. Les urnes sont arrivées en barque Yamaha, quant aux enveloppes et aux bulletins, il a fallu les transporter en sac à dos en passant par les hauteurs. »

A la mi-journée, dans le bureau de vote no 66 de la mairie de Mamoudzou, où 660 électeurs sont inscrits, 93 avaient déposé leur bulletin, soit 14 %. Selon les premiers chiffres qui nous ont été communiqués, à midi, la participation était de 12,2 % pour le 2e canton et de 13,3 % dans le 3canton, qui tous deux couvrent la commune de Mamoudzou et regroupent à eux seuls 10 310 électeurs de la circonscription.

Retards d’ouverture de plusieurs bureaux de vote

Pour le reste de la circonscription, qui couvre globalement le nord de l’île, la situation est plus compliquée. Si certains bureaux ont ouvert dès 8 heures, d’autres n’ont ouvert que plus tard dans les sept communes concernées par le scrutin. La préfecture fait état d’incidents dans quatre d’entre elles, à Acoua, Mtsamboro, Bandraboua et Koungou. Certaines écoles accueillant des bureaux de vote avaient été cadenassées. A 10 h 15, toutefois, tous les bureaux de vote étaient ouverts.

Les barrages, eux, sont toujours présents. Nous avons suivi la nationale 1, au nord de Mamoudzou. La route est sillonnée de glissements de terre à la suite des violentes averses tropicales provoquées par la tempête Eliakim qui touche l’archipel depuis vendredi. Au pied des ravines autour desquelles s’entassent de véritables villages de bangas (constructions sauvages), les eaux boueuses ont charrié des monceaux de déchets et de détritus.

Quelques barrages filtrants sont dressés aux entrées de Koungou. Des palabres s’engagent mais ceux qui veulent aller voter ne sont pas physiquement empêchés de le faire. Au bureau de vote no 95 de la mairie de Koungou, qui compte 529 inscrits, 49 avaient pris part au vote à midi. « Ça se passe tranquillement, très tranquillement », dit en souriant un assesseur.

Nous poursuivons notre route mais, au-delà de Kangani, à 14 kilomètres de Mamoudzou, le chemin s’arrête. Des arbres en travers de la chaussée, un barrage hermétique tenu par une poignée de militants, interdisent d’aller plus loin. Pas moyen de rejoindre la commune suivante, Longoni, un des points durs du mouvement. Là, la participation risque d’être encore nettement inférieure.