Ecole polytechnique

D’une impulsion du poignet, Axel Gallian, 24 ans, fait ­accélérer son drone qui tournoie dans un léger bourdonnement au-dessus du campus de l’Ecole polytechnique, à Palaiseau (Essonne). Pour ralentir la ­vitesse de l’engin bardé de quatre hélices, il suffit à Axel d’in­cliner son avant-bras. Un gant connecté lui permet de commander son drone d’une seule main, tout en suivant les pérégrinations de l’avion miniature depuis son smartphone.

Cette invention a donné lieu à la création de la start-up Pulsit en 2016. Cofondée par l’entrepreneur Bernard Prost, 60 ans, et Axel Gallian, diplômé de CentraleSupélec, la jeune pousse française a été accueillie à l’automne 2016 au sein d’X-Up, l’accélérateur de l’Ecole polytechnique.

Inventeurs de technologies

« Ici, on a pu faire voler notre drone à 50 mètres de hauteur sans problème », s’enthousiasme Bernard Prost, sans se départir de son attention, à l’atterrissage de sa machine, à deux pas du ­Drahi-X Novation Center (soutenu financièrement par l’hom­me d’affaires Patrick Drahi), bâtiment de 2 500 mètres carrés consacré à l’entrepreneuriat. ­Situé sur le plateau de Saclay, ce centre accueille 33 jeunes pousses intégrées à des programmes d’accélération ou d’incubation. LX est une membre fondatrice d’IncubAlliance, l’incubateur du campus Paris-Saclay, destiné aux projets d’entreprises technologiques, en interaction avec des ­incubateurs partenaires (Télécom ParisTech, HEC…).

Il suffit de pousser les portes de l’édifice pour se retrouver plongé dans un laboratoire consacré à l’innovation de pointe, qui se veut en phase avec les standards d’agilité managériale de la Silicon Valley. Un espace de coworking jouxte des fab lab garnis d’imprimantes 3D et de brodeuses ­numériques. Des ca­napés colorés et un baby-foot appellent à la ­décontraction « corporate » des entrepreneurs, âgés en moyenne de 25 à 35 ans. Une équipe de huit personnes – dont un « happiness officer », chargé notamment d’organiser des « happy breakfasts », veille sur ces inventeurs des technologies de demain.

« La spécificité de notre accé­lérateur est d’accueillir des start-up dès les premiers stades de leur ­développement », explique Sofia Dahoune, responsable du pôle accélération et incu­bation d’X-Up. Et la sélection est drastique : près de 150 candi­datures pour huit places, pour des promotions ­appelées à se ­renouveler tous les six mois. ­Polytechnique dote les entre­preneurs d’une bourse de 20 000 euros et leur propose ­ensuite un coaching intensif, tout en faisant le lien avec les labo­ratoires de recherche et les étudiants de l’établissement.

« La mode Silicon Valley »

L’X-Up est loin d’être réservé aux diplômés de l’école : 60 % des ­« accélérés » sont externes à l’établissement, issus de cursus d’ingénieur ou de commerce. Et l’objectif de ce programme créé en 2015 est clair pour Sofia Dahoune : « Soutenir les projets à forte valeur technologique ». « La tech fait partie de l’ADN de l’Ecole polytech­nique, dit-elle. Nous sommes en train de recruter la septième promotion et des tendances apparaissent nettement : les technologies appliquées à l’intelligence artificielle et à la blockchain [technologie de stockage numérique et de transmission sécurisée] sont très en vogue. »

« Nous sommes très attentifs au recrutement de davantage d’entrepreneuses dans les technologies de pointe. » Sébastien Barnier, responsable de la communauté des start-up à l’X

« La mode Silicon Valley est enfin arrivée en France, il y a un engouement à l’échelle européenne, on a la sensation d’être au bon endroit au bon moment », se réjouissent les cofondateurs d’Uniris, « accélérés » à l’X depuis 2017. Pour que la « deep tech » française s’impose face aux géants de l’inno­vation chinois ou américains, l’équipe de cette start-up a mis au point une technologie d’identification biométrique digne de la série d’anticipation Black Mirror. Un capteur associé à un smartphone permet d’identifier une personne par la reconnaissance de son système veineux et nerveux, le tout sécurisé par la blockchain. « Nous nous préparons à une ouverture commerciale dès 2019 », assurent les membres de l’équipe d’Uniris, qui comprend par ailleurs la seule femme cofondatrice de l’accélérateur.

« Nous sommes très attentifs au recrutement de davantage d’entrepreneuses dans les technologies de pointe, souligne Sébastien Barnier, responsable de la communauté des start-up à l’Ecole polytechnique. Pour le moment, nous n’avons accueilli que 5 femmes sur 34 entreprises et les ­candidatures féminines sont ­rares dans ce secteur. C’est un vrai enjeu pour nous. »

Un travail de longue haleine pour davantage de parité dans un secteur en pleine expansion. L’Ecole polytechnique compte doubler la surface de son Drahi-X Novation Center d’ici à la rentrée universitaire 2018.

Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle » à Paris

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq dates. Après Nancy (1er- 2 décembre), Lille (19 - 20 janvier), Nantes (16-17 février) et Bordeaux (2-3 mars), rendez-vous à Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).

Dans chaque ville, les conférences permettent au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers pratiques sont aussi organisés.

Il reste des places pour O21 Paris ! Entrée libre, inscription vivement recommandée.

En images : les temps forts d’O21, nos conférences pour s’orienter au 21e siècle, à Nancy

Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.