Le gouvernement britannique a demandé à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques de mener des examens indépendants dans ses laboratoires sur les échantillons recueillis à Salisbury . / BEN STANSALL / AFP

Des inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sont arrivés, lundi 19 mars, en Grande-Bretagne pour commencer leur enquête sur l’empoisonnement de l’agent double Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal à Salisbury au Royaume-Uni le 4 mars qui a également rendu gravement malade un policier.

Le gouvernement britannique a demandé à l’organisation sise à La Haye de mener des examens indépendants dans ses laboratoires sur les échantillons recueillis sur place.

Solidarité des Européens

Si la réaction officielle de l’Union européenne (UE) à cette affaire doit encore être discutée lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE jeudi et vendredi à Bruxelles, les Etats membres de l’Union ont condamné l’empoisonnement. Dans un communiqué, les ministres des affaires étrangères de l’UE affirment :

« Les vies de nombreux civils ont été menacées par cet acte imprudent et illégal. L’Union européenne prend avec le plus extrême sérieux l’évaluation faite par le gouvernement du Royaume-Uni selon laquelle il est hautement probable que la Fédération de Russie soit responsable. »

Les ministres se sont dits « choqués par l’utilisation offensive d’un agent neurotoxique de qualité militaire, d’un type mis au point par la Russie, pour la première fois en plus de soixante-dix ans sur le sol européen ». Ils ont exigé de la Russie qu’elle « réponde d’urgence aux questions soulevées par le Royaume-Uni et la communauté internationale et qu’elle communique immédiatement, intégralement et complètement son programme Novitchok à l’OIAC ».

Les ministres des affaires étrangères de l’UE se sont dits « choqués par l’utilisation offensive d’un agent neurotoxique de qualité militaire, d’un type mis au point par la Russie, pour la première fois en plus de soixante-dix ans sur le sol européen ». / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Les déclarations à géométrie variable de Moscou

Le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, a pour sa part une nouvelle fois critiqué l’attitude de la Russie :

« Les démentis de la Russie sont de plus en plus absurdes. Un jour, ils soutiennent qu’ils n’ont jamais produit du Novitchok [l’agent innervant], un autre jour, ils affirment qu’ils ont produit du Novitchok, mais soutiennent que tous les stocks ont été détruits, puis ils annoncent que certains stocks se sont mystérieusement échappés en Suède ou en Slovaquie, en République tchèque ou aux Etats-Unis, ou même au Royaume-Uni. »

Moscou campe sur ses positions

« Tôt ou tard, il faudra répondre de ces accusations infondées : soit fournir des preuves, soit présenter ses excuses », a répliqué, depuis Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a qualifié les accusations de Londres de « flot diffamatoire envers la Russie, absolument incompréhensible et aux motivations incertaines ».

Londres a accusé la Russie d’être responsable de cet empoisonnement et décrété contre elle des sanctions, dont l’expulsion de 23 diplomates de son territoire. Moscou, qui clame son innocence, a riposté en expulsant des diplomates britanniques et en fermant le British Council, un organisme culturel, en Russie.

Plusieurs journaux russes ont estimé lundi que ces tensions sans précédent avec les Occidentaux avaient contribué à la large victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle de dimanche, à l’issue de laquelle il a remporté un quatrième mandat.

Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, sont toujours hospitalisés dans un état « critique » à Londres. Un policier empoisonné en leur portant secours est également soigné mais est désormais hors de danger, assure Londres.