Pièce en argent colorisé, valeur faciale de 50 euros / Monnaie de Paris / Disney

Des monnaies en argent de 10 euros, 50 euros ou 200 euros intitulée Mickey & la France : la Monnaie de Paris, installée quai Conti, à Paris (6e arrondissement), révèle enfin le thème de sa nouvelle série de pièces de monnaie de collection à valeur faciale, après celle intitulée La France de Jean-Paul Gaultier en 2017. Une manne financière pour cette vieille institution (en activité depuis plus de 1 150 ans !) qui lui a permis de compenser le manque de commandes de frappe de monnaies courantes à partir de l’année 2000, aussi bien par l’Etat français que par ses clients étrangers.

Tous les ans depuis 2008, l’Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) édite ainsi des séries d’euros à valeur faciale, descendantes directes des pièces de 20 francs ou de 50 francs en argent que nos parents conservaient avant de les revendre pour récupérer de la monnaie sonnante et trébuchante… Les ingrédients actuels de cette gamme de produits très marketée : un tirage important, des montants accessibles (10 euros en argent 333 ‰, 50 euros en argent, 200 euros en or 999 ‰), une thématique grand public et un réseau de points de vente partout en France (bureaux de poste et la toute nouvelle boutique de la Monnaie de Paris, quai Conti).

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« Ces pièces sont vendues à leur valeur faciale, précise Claude Giffin, directrice marketing et développement à la Monnaie de Paris, sauf la pièce colorisée de 50 euros vendue un peu plus cher (59 euros avec une cartelette jointe). »

Mayotte en pointe

Mais que valent ces pièces de qualité courante au bout de quelques années ? « Jamais moins que leur valeur faciale, affiche Claude Giffin. Parfois plus selon la loi de l’offre et de la demande : dans la collection des euros des régions en 2010, la pièce de Mayotte en argent a vite été épuisée, son tirage était faible (NDLR : 50 000 exemplaires). Aujourd’hui, elle peut se vendre beaucoup plus cher que 10 euros ».

Effectivement, la pièce à l’effigie de ce territoire d’outre mer devenu, en 2011, le cent unième département français, s’affiche volontiers autour de 40 euros actuellement. Au-delà de leur valeur marchande, ces pièces ont vocation à véhiculer le savoir-faire de la Monnaie de Paris, mais aussi une valeur patrimoniale. Claude Giffin argumente : « un objet réclamé par les enfants et acheté par les grands-parents ».

Pièce de 200 euros en or / Monnaie de Paris / Disney

Avec une cote plus forte mais un tirage plus faible, les monnaies de collection classiques, quant à elles, présentent une valeur marchande déconnectée de leur valeur faciale en raison notamment de leur qualité de gravure et de frappe. « La qualité belle épreuve, ce que l’on fait de mieux », assure Claude Giffin. Une frappe spéciale à la main, réalisée monnaie par monnaie, et vérifiée par le monnayeur au cœur des ateliers parisiens. Quant à la gravure, étape précédant la frappe, elle répond à des critères précis, notamment celui du relief : « Il ne doit pas dépasser le listel [NDLR: rebord en saillie] de la pièce qui protège le motif », précise la responsable de l’institution.

« Mickey plutôt qu’un empereur romain »

Le tirage de ce type de séries essentiellement destinées aux collectionneurs est faible : « au maximum pour une monnaie en argent, entre 2 000 et 3 000 pièces ; 99 exemplaires pour les pièces de 5 onces ». Parmi ce genre d’opérations en cours depuis les années 1980, la célébration des Jeux olympiques d’Albertville marque les débuts du succès pour ces pièces de qualité : la pièce de 100 francs Albertville vaut aujourd’hui entre 50 et 60 euros sur les sites spécialisés ou sur eBay.

Enfin, mention spéciale à la série sortie en 2012, imaginée avec Karl Lagerfeld et célébrant le 125e anniversaire de la naissance de Coco Chanel : deux en argent (45 euros et 325 euros pour celle de 5 onces) et deux en or (345 euros et 5 900 euros pour celle de 5 onces), toutes d’une valeur faciale de 5 euros comme le parfum N° 5.

Pureté du métal, rareté du modèle, considérations techniques s’allient pour faire grimper la cote : aujourd’hui, la pièce Chanel « peut valoir le double de son prix, voire plus », affirme Claude Giffin. Une valorisation qui dépend aussi de la dextérité du maître graveur, détenteur du savoir-faire propre à la Monnaie de Paris.

Toutefois, il reste difficile de suivre la cote des pièces de collection, comme on pourrait suivre le cours de ses lingots d’or… « En règle générale, la numismatique, l’étude des monnaies, n’est pas propice à un investissement, confirme Sabine Bourgey, du Cabinet Bourgey numismatique. Cette spécialiste installée à Paris tempère néanmoins ses propos : « Achetez une monnaie de collection si cela vous plaît, selon vos moyens, sans jamais penser à investir. Si vous préférez acheter une pièce à l’effigie de Mickey plutôt qu’un empereur romain, pourquoi pas ! ». L’achat de monnaies grand public peut ainsi donner le goût de la collection et peut-être un jour de l’investissement.