L’agent innervant Novitchok a été désigné par Londres comme à l’origine de l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille le 4 mars, en Angleterre. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Dans un entretien à l’agence de presse d’Etat russe RIA Novosti, mardi 20 mars, Leonid Rink, un scientifique russe, semble contredire la position officielle des autorités russes selon laquelle le programme Novitchok n’a jamais existé. « Le Novitchok n’est pas une substance, c’est tout un système d’armes chimiques », explique celui que l’agence de presse présente comme l’un des concepteurs du programme.

L’agent innervant Novitchok a été désigné par Londres comme à l’origine de l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille le 4 mars, à Salisbury, en Angleterre. « Ils sont toujours vivants. Cela signifie que soit ce n’était pas le système Novitchok du tout, soit il était préparé négligemment », assure M. Rink à RIA Novosti.

Mis au point dans les années 1980

L’existence de ce programme et sa formule chimique ont été révélés par le chimiste russe aujourd’hui réfugié aux Etats-Unis Vil Mirzaïanov, selon qui ces agents à l’efficacité redoutable ont été mis au point dans les années 1980 par des scientifiques soviétiques.

Après les accusations de Londres, Moscou a démenti l’existence de tout programme de développement d’armes chimiques du nom de Novitchok ni du temps de l’URSS ni en Russie.

« Un grand groupe de spécialistes développait le Novitchok à Moscou et à Chikhany : des techniciens, des toxicologues, des biochimistes. (…) Nous sommes parvenus à un très bon résultat », explique cependant Leonid Rink à RIA Novosti. Selon lui, le système était nommé pendant la période soviétique « Novitchok-5 ». « Cette appellation n’était jamais utilisée sans le chiffre qui lui était accolé », précise-t-il.

Technologie accessible

M. Rink affirme toutefois ne pas croire que la Russie soit derrière l’empoisonnement de Sergueï Skripal, hospitalisé dans un état critique, car elle sait que l’utilisation même du Novitchok permettrait de remonter jusqu’à elle.

Selon le chimiste, la technologie du Novitchok est accessible « à n’importe quel Etat développé » ou grande compagnie pharmaceutique. « Développer une telle arme ne présente aucun problème », affirme-t-il.

Après la diffusion de cet entretien, le ministère des affaires étrangères russe a réaffirmé sa position officielle : « Il n’y a eu aucun programme de recherche et développement sous le nom Novitchok. »