Le PDG de Keolis, Jean-Pierre Farandou, à Paris, en octobre 2015. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Il existe une branche de la SNCF qui transporte chaque année 3 milliards de voyageurs avec des personnels sans statut de cheminot, une branche aguerrie à la concurrence, qui défend avec succès ses marchés contre des groupes privés. Cette « autre SNCF », c’est Keolis, une société – filiale à 70 % du groupe national ferroviaire – spécialisée dans le transport public urbain, et qui a dévoilé ses comptes 2017, lundi 19 mars.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Keolis se porte bien. Un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros (en hausse de 6,4 %), une rentabilité qui progresse de 9,4 % et un ratio d’endettement à faire pâlir la maison mère. Depuis dix ans, la croissance de Keolis s’établit à la moyenne spectaculaire de 10 % par an.

Cependant, au-delà des bons chiffres (ceux de la SNCF aussi étaient excellents en 2017), ce qui frappe c’est la capacité de Keolis à se mouvoir en France dans un environnement hautement concurrentiel. Le groupe dirigé par Jean-Pierre Farandou a conservé en 2017 les très gros marchés des transports publics des métropoles de Lille – en dépit de l’offensive de sa grande rivale Transdev –, de Rennes et de ceux de dix autres villes plus petites.

Rôle d’appui à la maison mère

Mieux : Keolis a ravi le marché du Grand Besançon à Transdev l’an dernier. En 2018, l’entreprise défendra ses positions dans les réseaux de transport de Tours, Orléans, Nîmes, Angers, Brest et Aix-en-Provence, qu’elle exploite aujourd’hui.

Certes, la comparaison a ses limites. Etre opérateur de métro-bus-tramway – le cœur de métier de Keolis – n’est pas aussi lourd et complexe que le fait de gérer, de maintenir et d’exploiter l’immense réseau ferré français. Mais Keolis est loin d’être étranger au train, dès lors que celui-ci se déplace dans un environnement urbain. Hors de France, la société fait du ferroviaire aux Etats-Unis et en Allemagne. En outre, elle est en lice pour devenir opérateur de tous les trains régionaux du pays de Galles.

Dans le cadre de la concurrence à venir sur le territoire français, Keolis (qui possède une licence ferroviaire en France), pourrait jouer un rôle d’appui à sa maison mère, sans aller jusqu’à la concurrencer. « Sur des appels d’offres à caractéristique urbaine ou périurbaine, Keolis devra y aller, a déclaré M. Farandou. Et elle ira. »