Une moissonneuse dans un champ de blé noir, à Spézet (Finistère), en octobre 2017. / FRED TANNEAU / AFP

L’industrie alimentaire continue de créer des emplois en France – 4 491 en 2017, selon les chiffres rendus publics, mardi 20 mars, par l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA). De quoi conforter sa place de premier pourvoyeur d’emplois dans l’Hexagone, avec 429 079 salariés directs.

Cette dynamique s’explique d’abord par un tissu formé essentiellement de TPE et de PME, c’est-à-dire de petites structures, qui représentent 98 % des 17 647 entreprises référencées dans le secteur. D’où la faible part de l’exportation dans le chiffre d’affaires par rapport à d’autres secteurs industriels. En moyenne, l’export représente 21 % des ventes des entreprises agroalimentaires.

Autre signe positif pour l’agroalimentaire, son chiffre d’affaires global a progressé de 3,9 % en 2017, à 180 milliards d’euros. Les prix n’ont guère bougé, avec une déflation de 0,1%, après un trou d’air de - 1,2 % en 2016. La courbe des volumes de production se redresse également, avec un repli limité à 0,4 % contre - 1,3 % un an plus tôt.

Toutefois, malgré tous ces signaux de reprise, l’ANIA tire le signal d’alarme. Elle met en exergue les incidences négatives, pour l’industrie agroalimentaire, de la guerre des prix que se livrent les grandes enseignes.

Sur quatre ans, entre 2014 et 2017, elle chiffre la déflation à 3,7 %, soit une destruction de valeur estimée à 4 milliards d’euros. L’an dernier, plusieurs rayons ont encore vu leurs prix orientés à la baisse (épicerie salée et sucrée, eaux et sodas, bière, cidre, spiritueux).

La guerre des prix perdure

En parallèle, les matières premières sont reparties à la hausse, enregistrant une progression moyenne de 12 %. Résultat : les marges des entreprises agroalimentaires ont été sous pression et le taux de marge s’est érodé à 41,4 % au troisième trimestre de 2017.

L’ANIA estime que, malgré les engagements pris lors des Etats généraux de l’alimentation et la charte signée par les acteurs, la guerre des prix perdure entre les enseignes en 2018. D’après son Observatoire des négociations commerciales, avec un panel de 120 entreprises, 81 % des sociétés interrogées affirment qu’elles ont été confrontées à des demandes de déflation de principe et 78 % à des refus de hausse de tarif.

Pour 71 % d’entre elles, l’augmentation du coût des matières premières n’a pas été prise en compte. Enfin, 69 % des entreprises concernées ont subi des menaces de déréférencement et 22 % des déréférencements effectifs en cours de négociation. Selon l’ANIA, les enseignes ont fait une demande de déflation moyenne d’environ 1,2 % en 2018.

L’industrie alimentaire a donc des attentes fortes avec le projet de loi censé rééquilibrer les relations commerciales et présenté le 31 janvier. Elle milite pour le relèvement du seuil de revente à perte de 10 % – une mesure qui obligerait les enseignes à prendre en compte leurs coûts logistiques dans leur prix – et pour l’encadrement des promotions.

A l’argument de Leclerc, qui estime que ces mesures obéreraient le pouvoir d’achat des Français, l’ANIA répond en affirmant que ledit pouvoir d’achat est davantage lié à l’évolution de leur salaire qu’aux achats alimentaires et que le budget alimentaire ne représente que 9,9 % des dépenses des ménages. Elle chiffre à 50 centimes par mois et par personne le coût des mesures du projet de loi.