Pavel Dourov s’est défendu en expliquant que Telegram avait bloqué des milliers de conversations en lien avec le terrorisme et que si la Russie bloquait sa messagerie, les terroristes utiliseraient un autre service. / ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

C’est un nouvel épisode dans le bras de fer qui oppose le FSB (services de sécurité russes) à l’application de messagerie Telegram. L’agence fédérale de régulation des télécoms Roskomnadzor a sommé, mardi 20 mars, la messagerie de fournir sous quinze jours au FSB les clés de chiffrement permettant de lire « les messages électroniques reçus, transmis, en cours d’envoi », sous peine de blocage.

Telegram est connue pour offrir un niveau élevé de confidentialité et son utilisation par les mouvements djihadistes a régulièrement suscité la polémique ces dernières années. Cet avertissement survient à la suite d’une décision de la Cour suprême de rejeter une plainte de la messagerie qui tentait de faire annuler une condamnation précédente.

« Les menaces de bloquer Telegram s’il ne fournit pas les données personnelles de ses utilisateurs n’auront pas de résultats. Telegram défendra la liberté et la confidentialité », a réagi sur Twitter le cofondateur de la messagerie, Pavel Dourov.

Telegram condamné

A la mi-octobre, la justice russe avait condamné Telegram à une amende de 800 000 roubles (18 000 euros) pour avoir refusé de coopérer avec le FSB. M. Dourov, qui a quitté la Russie en 2014 en invoquant des tensions avec les autorités, avait alors dénoncé une violation, selon lui, de la Constitution russe, qui protège le droit au secret de la correspondance.

Après l’attentat qui avait fait 16 morts dans le métro de Saint-Pétersbourg le 3 avril 2017, le FSB avait ainsi affirmé que l’auteur de l’attentat et ses complices avaient utilisé Telegram « pour dissimuler leurs plans criminels ». Pavel Dourov s’était défendu en rappelant que Telegram avait bloqué des milliers de conversations en lien avec le terrorisme et que si la Russie bloquait sa messagerie, les terroristes utiliseraient un autre service.

La messagerie avait échappé à un blocage en juin après avoir accepté de fournir des informations au régulateur fédéral russe pour être intégrée au registre des diffuseurs d’information ; ce qu’elle refusait auparavant.

Le Kremlin a renforcé ces dernières années son contrôle de l’Internet russe, très utilisé par l’opposition, et a justifié ce tour de vis notamment par la nécessité de la lutte antiterroriste.