Les injures considérées comme sont en augmentation constante depuis 2010, et les femmes y sont dix fois plus exposées que les hommes, selon une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mercredi 21 mars, à quelques heures de la présentation, en conseil des ministres, de la loi contre les violences sexuelles et sexistes.

« Globalement, le nombre d’injures [pas uniquement sexistes] est stable sur la période 2006-2016 » et avoisinaient 5 millions en 2016, selon cette étude, mais les injures sexistes augmentent, elles, « de manière presque continue et de manière significative » depuis 2010.

Les injures sexistes représentaient un cinquième des injures en 2006, et plus d’un quart en 2016. En 2016, une personne sur dix déclarait avoir été injuriée et trois personnes sur cent disaient l’avoir été de manière sexiste.

L’ONDRP évoque deux manières d’interpréter cette hausse. Le nombre de comportements injurieux de nature sexiste peut effectivement avoir augmenté, mais il est également possible que les victimes interprètent désormais comme injures sexistes ce qui était auparavant banalisé, et donc non déclaré. En revanche, seuls 6 % des victimes d’injures sexistes se déplacent au commissariat ou en gendarmerie.

94 % dans l’espace public

Au-delà de la hausse continue, le deuxième enseignement de cette enquête est l’exposition particulièrement importante des femmes sont particulièrement aux injures sexistes. Neuf victimes sur dix sont des femmes alors qu’elles ne représentent qu’un peu plus de la moitié des victimes d’injures en général.

La moitié des victimes de ce type d’injures ont moins de 35 ans. Quant aux auteurs, il s’agit à 86 % d’hommes, et, dans 70 % des cas, ils ne connaissent pas la personne qu’ils insultent. La quasi-totalité des injures (94 %) sont faites face à face, et 60 % surviennent dans un espace public (dont 49 % dans la rue et 8 % dans les transports en commun).

Stéréotypes

L’ONDRP identifie quatre stéréotypes parmi les insultes sexistes. La figure de la « mère envahissante », visant les « compétences » des victimes et non le physique, est caractéristique des injures proférées sur le lieu de travail, adressées à des femmes occupant une situation sociale élevée, âgées de plus de 40 ans.

La figure de la « fille facile » correspond à des injures adressées à des jeunes femmes dans des lieux publics, alors que celle de la « vieille sorcière » est renvoyée à des femmes de plus de 50 ans dans l’espace domestique.

Un quatrième cas, celui de « l’homme déviant dans sa virilité », correspond à des injures proférées par des femmes dans des contextes de travail.