Les lycées de Guadeloupe et de Seine-Saint-Denis sont les établissements à la valeur ajoutée la plus forte. / OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP

Dans quelle mesure un lycée fait-il, ou non, progresser ses élèves ? Pour l’évaluer, l’Education nationale calcule la valeur ajoutée du taux de réussite au bac, en comparant le résultat de chaque lycée au résultat moyen des établissements accueillant des élèves de même profil (niveau scolaire et âge à l’entrée en seconde, origine sociale). S’il obtient 90 % de bacheliers au lieu des 79 % escomptés, sa valeur ajoutée sera de 90-79, c’est-à-dire 11. A l’inverse, si ses élèves laissaient augurer d’un taux de réussite au bac de 95 %, et que celui-ci est finalement de 92 %, sa valeur ajoutée sera de -3.

Selon les indicateurs de résultats publiés mercredi 21 mars, c’est le lycée public de La Plaine de Neauphle, à Trappes (dans les Yvelines) qui fait le plus progresser ses élèves, avec une valeur ajoutée de 18 (voir le tableau au bas de cet article). Suivent le lycée Robert-Weinum à Saint-Martin, en Guadeloupe (valeur ajoutée de 14) et trois établissements à 12 points : le lycée Félix-Proto (Les Abymes, en Guadeloupe), Alfred-Nobel (Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis) et Maurice-Utrillo (à Stains, en Seine-Saint-Denis). Le premier établissement privé, qui termine huitième, est le lycée Maîtrise-de-Massabielle, à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), avec 11 points de valeur ajoutée. Seuls 4 établissements sur les trente-cinq premiers du palmarès sont privés.

Des établissements publics situés dans des zones considérées comme « difficiles »

Chaque année, ce sont des établissements publics situés dans des zones considérées comme plus « difficiles » que d’autres pour étudier (la banlieue parisienne ou les DOM) qui occupent les premières places de ce classement par la valeur ajoutée, en faisant fortement progresser des élèves laissant augurer d’un faible taux de réussite. Six établissements de Guadeloupe se placent dans les dix premiers de ce palmarès, tandis que le département de la Seine-Saint-Denis en compte quatre dans les seize premiers.

Alors que les lycées privés dominent largement les classements selon le taux de réussite au bac, il leur est plus compliqué de se distinguer sur la valeur ajoutée. En effet, leurs élèves proviennent généralement de milieux sociaux plus favorisés, qui ont pas ou peu redoublé et qui sont souvent sélectionnés en fonction de leur niveau scolaire. Dans ce cas, leur taux de réussite attendu sera très élevé, et la marge de progression des élèves faible. La plupart des lycées obtenant un sans-faute au bac ont une valeur ajoutée faible, car ils accueillent des élèves de catégorie CSP+ au niveau très élevé.

Ce palmarès des lycées qui font progresser leurs élèves diffère largement du classement des lycées 2018 du Monde, dans lesquel la valeur ajoutée pèse pour 20 % de la note. Ainsi, le lycée Maurice-Utrillo, cinquième de France par sa valeur ajoutée, occupe la 1128e position du classement du Monde, avec un taux de réussite au bac de 85 % et une note de 18,7/20. Néanmoins, si le lycée guadeloupéen Jardin d’essai (Les Abymes) obtient la meilleure note dans le classement du Monde, c’est en raison du bonus que lui confère sa forte valeur ajoutée, de 11 points. Et il termine d’ailleures sixième de France sur ce seul critère.

Retrouvez les lycées ayant obtenu une valeur ajoutée supérieure à 6 dans le tableau ci-dessous, et retrouvez un établissement dans la barre de recherche.

Classement des lycées 2018 du « Monde » : notre méthodologie et nos autres articles

Le palmarès 2018 des lycées du Monde s’appuie sur quatre des indicateurs du ministère de l’éducation nationale rendus publics mercredi 21 mars : le taux de réussite au bac 2017, qui marque l’excellence d’un établissement ; le taux d’accès de la première au bac et/ou de la terminale au bac, qui mesure la capacité et/ou la volonté du lycée de conserver ses élèves ; la valeur ajoutée du taux de réussite au bac, qui compare le résultat de chaque lycée à celui des établissements accueillant des élèves de même profil et niveau.

Dans la note sur 20, ces quatre critères pèsent le même poids, le dernier permettant aux lycées qui font mieux qu’attendu d’obtenir un bonus. Cela explique que les moyennes finales s’échelonnent entre 15,15 et 20,35 pour les lycées généraux et technologiques, et entre 10,95 et 20,65 pour les lycées professionnels. Seuls figurent dans le classement les lycées généraux et technologiques qui présentent au moins cent élèves au bac et proposent au moins deux séries (S et ES), ainsi que les lycées professionnels qui présentent au moins trente élèves.

A retrouver sur notre rubrique Palmarès des lycées : le moteur des résultats 2018 de l’ensemble des établissements, le tableau d’honneur des lycées qui font réussir leurs élèves, des conseils pour choisir son lycée selon son niveau et ses aspirations, un tchat avec nos journalistes et des enquêtes et palmarès locaux, centrés les agglomérations et/ou académies les plus peuplées : Ile-de-France, Paris, Aix-Marseille, Lyon, Lille, Nice, Toulouse, Bordeaux.

Comment apprécier les résultats d’un lycée ?

[ Le ministère de l’Education nationale apporte les précisions suivantes concernant ses indicateurs ] Les indicateurs de résultats des lycées évaluent non seulement la réussite au baccalauréat des élèves de terminale d’un établissement, mais aussi la capacité de cet établissement à accompagner le maximum d’élèves depuis la seconde jusqu’à l’obtention du diplôme, en prenant en compte les caractéristiques sociodémographiques et scolaires des élèves.

Ils offrent en cela une analyse plus fine que le seul taux de réussite au baccalauréat, en appréciant également le parcours scolaire des élèves depuis leur entrée au lycée et le caractère plus ou moins sélectif des établissements.

Trois indicateurs sont utilisés pour mesurer la valeur propre d’un établissement :

  • le taux de réussite au baccalauréat, c’est-à-dire la proportion de bacheliers parmi les élèves ayant passé le baccalauréat ;

  • le taux d’accès au baccalauréat, qui est la proportion d’élèves de seconde ou de première qui obtiennent le baccalauréat en restant dans l’établissement ;

  • la proportion de bacheliers parmi les élèves qui quittent l’établissement.

Il ne s’agit donc pas pour le ministère de réaliser un classement des lycées mais de proposer, à travers cette combinaison d’indicateurs, une image de la réalité complexe et relative que constituent les résultats d’un établissement.

Pour consulter les indicateurs : www.education.gouv.fr/indicateurs-resultats-lycees