Des adversaires de Lula manifestent à Sao Paulo. / PAULO WHITAKER / REUTERS

La Cour suprême a commencé à siéger, jeudi 22 mars, pour statuer sur le sort de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », grand favori pour la présidentielle d’octobre.

Lula a été condamné en appel en janvier pour corruption et blanchiment d’argent, pour avoir accepté un triplex en bord de mer de la part d’une entreprise de BTP, impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras. Ce qu’il a toujours farouchement nié.

Ira-t-il en prison avant que tous les recours après sa condamnation pour corruption n’aient été épuisés ? Les onze juges se sont réunis pour discuter du cas de l’ancien chef d’Etat, tandis que 150 manifestants arborant des affiches « Lula libre » s’étaient massés devant la Cour à Brasilia, à l’appel de sa formation de gauche, le Parti des Travailleurs (PT).

La décision de la juridiction suprême concernant la figure emblématique de la gauche brésilienne, parti avec un taux record de popularité après deux mandats (2003-2010), aura un impact sur la présidentielle d’octobre, pour laquelle Lula, s’il peut concourir, reste favori.

La Cour suprême peut lui accorder une mesure d’habeas corpus, qui permettrait à Lula de rester en liberté tant que le dernier de nombreux recours possibles contre sa condamnation à douze ans et un mois de prison n’aura pas été épuisé. Cela pourrait durer des mois, voire des années. Si, en revanche, la majorité des juges de la Cour suprême tranche en sa défaveur, Lula sera probablement très proche de la prison dès la semaine prochaine.

« Aucun citoyen ne peut être considéré coupable » tant que toutes les juridictions ne l’ont pas déterminé, a plaidé José Roberto Batochio, avocat de Lula.

Un deuxième tribunal statue lundi

L’audience de la Cour suprême n’a été annoncée que mercredi, sa présidente Carmen Lucia ayant apparemment subi des pressions de la part de certains des juges, mais aussi de juristes et de ministres, au nom du principe général de la « présomption d’innocence ».

Mais dans ce dossier extrêmement technique, la majorité des juristes estime que Lula, libre ou pas, sera déclaré inéligible pour le scrutin d’octobre. Cette décision incombe in fine à la justice électorale, qui tranchera en août.

Mais, complication supplémentaire, un autre tribunal pourrait aussi tenir entre ses mains, dès lundi prochain, le destin de Lula. Le tribunal de deuxième instance de Porto Alegre, qui avait confirmé et alourdit sa peine en appel, doit statuer lundi sur des « demandes d’éclaircissements » déposées par la défense de Lula.

Si les trois juges de Porto Alegre (sud) rejettent ce recours, l’ancien président de 72 ans pourrait être incarcéré après la publication du jugement, soit dès le début de la semaine prochaine. Mais si, d’ici là, la Cour suprême a rendu un avis permettant à Lula de rester libre, cette menace sera caduque.