Evacuation de civils syriens de la Ghouta orientale, le 22 mars 2018. / HAMZA AL-AJWEH / AFP

Des centaines de combattants rebelles et de civils ont commencé à quitter la Ghouta orientale, l’enclave située à l’est de la capitale syrienne, jeudi 22 mars. Au moins 1 334 personnes, dont 237 combattants, ont pris place à bord de bus en fin de matinée dans le secteur rebelle de Harasta, selon la télévision d’Etat syrienne. Une première depuis le lancement, le 18 février, de l’offensive du régime, déterminé à reconquérir l’ultime bastion des insurgés aux portes de Damas.

« Les bus se sont garés sur la ligne de démarcation » entre les territoires rebelles et ceux du régime, selon une source militaire sur le terrain, précisant qu’ils doivent à terme « se rendre dans la province d’Idleb » (Nord-Ouest), la dernière a échappé encore entièrement au régime. Selon une autre source militaire, près de 2 000 personnes, dont 700 combattants, doivent sortir dans la journée de Harasta, la plus petite et la moins peuplée des trois poches rebelles qui subsistent dans la Ghouta orientale.

Un accord entre les rebelles et le régime

Ces départs interviennent en vertu d’un accord passé avec le pouvoir du président Bachar Al-Assad. Le pouvoir syrien et son allié russe ont passé un accord avec le groupe rebelle islamiste Ahrar Al-Cham pour l’évacuation de cette zone.

L’opération pourrait durer plusieurs jours, selon le porte-parole d’Ahrar Al-Cham, Munzer Fares. Au total, quelque 1 500 combattants et 6 000 membres de leur famille doivent quitter Harasta, en plusieurs vagues, selon l’agence officielle syrienne SANA.

En plus d’un mois de bombardements aériens et de combats au sol, l’enclave rebelle s’est réduite comme peau de chagrin et les forces du régime en ont déjà reconquis plus de 80 %. Le déluge de feu quotidien a tué plus de 1 500 civils, selon l’OSDH.

« Harasta a été entièrement détruite, la situation des habitants était dramatique », a confirmé à l’AFP le chef du conseil local du secteur rebelle de Harasta, Hossam Al-Beyrouthi. « Cette dernière semaine, la moitié des familles n’avaient rien à manger, les maladies font des ravages dans les sous-sols », où les gens vivent terrés pour échapper aux bombardements du régime, a-t-il déploré. En représailles à l’offensive dans la Ghouta, les rebelles tirent obus et roquettes sur Damas, et deux personnes sont mortes dans la capitale jeudi, selon SANA.

Une situation qui rappelle celle d’Alep à la fin de 2016

L’évolution dans la Ghouta rappelle ce qui s’est passé dans d’autres fiefs rebelles reconquis ces dernières années par le régime, dont celui dans la ville d’Alep (nord) fin 2016. A l’issue de bombardements intenses et de sièges asphyxiants, les insurgés de ces localités et les civils les soutenant avaient été mis dans des bus, direction Idleb. Amnesty International avait dénoncé des déplacements forcés de populations.

Multipliant ainsi les victoires face aux rebelles, mais aussi face aux djihadistes, le pouvoir d’Assad, appuyé par ses alliés russe et iranien, a déjà reconquis plus de la moitié de la Syrie.

Dans la Ghouta, l’offensive meurtrière du régime a fait plus de 80 000 déplacés au total. Pour la seule journée de jeudi, plus de 4 000 civils ont fui la grande ville rebelle de Douma, selon l’OSDH. Ces derniers n’ont jusqu’à présent pas eu d’autre choix que de rejoindre des secteurs du gouvernement, malgré la crainte de représailles pour certains.

Lire notre éditorial : Sept ans d’enfer syrien