LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette fin de semaine, pourquoi ne pas (re) découvrir James Baldwin à Ivry-sur-Seine ; fêter les 35 printemps de La Villette ; soutenir les migrants avec le collectif Xclus à Paris et célébrer la parole avec le festival Circuit court dans le Val-de-Marne ; lutter contre le racisme et l’antisémitisme avec le Grand Festival au Palais de la porte Dorée, et plein d’autres choses encore…

THÉÂTRE. « Harlem Quartet », Baldwin en chair et en âme, à Ivry-sur-Seine

Quel bonheur de (re)découvrir James Baldwin, et de voir le chef-d’œuvre de l’écrivain noir américain, Harlem Quartet, porté au théâtre par la metteuse en scène Elise Vigier, en un spectacle gorgé de vie et d’âme, qui rend justice à la partition originelle. Baldwin raconte le Harlem des années 1950-1960, l’Amérique encore ségrégationniste, rongée par la haine raciale et la violence sociale, avec un souffle puissant, quasi biblique, son écriture qui « laboure la vie à plein corps », et un amour immense pour ses personnages. Personnages qui sont ici formidablement incarnés par un ensemble d’acteurs noirs, dans ce spectacle qui offre en contrepoint les très belles images tournées par Elise Vigier dans le Harlem d’aujourd’hui. Et bien sûr il y a la musique, qui joue un rôle fondamental dans cette histoire. Le poète et slammeur américain Saul Williams a composé cette partition où se mêlent musique originale, bribes de sons d’archive et chants traditionnels de la communauté noire américaine, qui prennent aux tripes. Fabienne Darge

« Harlem Quartet », vendredi 23 mars à 20 heures, samedi 24 à 18 heures, dimanche 25 à 16 heures. La Fabrique-Théâtre des quartiers d’Ivry, 1, place Pierre-Gosnat, Ivry-sur-Seine. Tél. : 01-43-90-11-11.

ARTS. Un week-end anniversaire et le lancement du festival 100 % à La Villette

La Grande Halle de La Villette à Paris en octobre 2017. / BERTRAND GUAY/AFP

La Villette fête ses 35 printemps avec un week-end festif et gratuit. Le samedi, une « Holi Party » indienne permettra de célébrer les premiers jours du printemps avec des lâchers de poudres colorées au rythme d’un ballet et de musiciens traditionnels (15 heures, Prairie du triangle), tandis que, dimanche, sera inauguré le jardin nourricier participatif OMG. Dans une veine plus sombre, la nouvelle création climatique du duo HEHE sera visible le temps du week-end : un large diorama où une forêt évolue sous des pluies acides et des nuages toxiques (Absynth, au WIP Villette). L’architecture de La Villette sera mise à l’honneur avec une rencontre autour de Bernard Tschumi, qui a en conçu l’aménagement, en présence de Christian de Portzamparc et de Jean Nouvel (samedi 11 heures, Grande Halle), avec à la clé des visites guidées du parc, de la Philharmonie et de l’Espace périphérique (le lieu de création consacré au cirque), tandis que l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette proposera cours et ateliers.

La célébration coïncidant avec le lancement de la 3e édition du festival 100 %, les festivités seront l’occasion de découvrir, côté parc, le travail de l’artiste américain Will Ryman, qui a réalisé un ensemble de sculptures monumentales sur l’idée de la quête de sens chez l’homme, et de voir l’exposition consacrée aux jeunes artistes issus de l’école des Beaux-Arts (Grande Halle). Le travail des résidents créatifs de Villette Makers sera également exposé (Folie des merveilles). Côté jeune public, Little Villette proposera des activités, et le centre équestre, des démonstrations et initiations à l’équitation (Prairie du triangle). Enfin, en soirée, des fanfares et des DJ sets poursuivront la fête le samedi (Parc et Grande Halle). Le dimanche, un Grand Bal modern style entraînera le public dans les pas de jeunes danseurs et musiciens du Conservatoire de Paris (16 heures, Zénith), le Cabaret Sauvage proposera une soirée aux rythmes de danse et chants traditionnels du sud de l’Algérie (dès 17 heures), et le percussionniste Guem, qui aura rencontré le jeune public l’après-midi, donnera un concert (20 heures, Petite Halle). Emmanuelle Jardonnet

Parc de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Pour les horaires et les inscriptions, consulter les différents sites de La Villette : Lavillette.com, Lapetitehalle.com, Villettemakerz.com, Equivil.fr, Philharmoniedeparis.fr, Espaceperipherique.com, Cabaretsauvage.com

ARTS DU RÉCIT. Xclus et Circuit court libèrent la parole, à Paris et dans le Val-de-Marne

« Bovary », de et avec Cendre Chassanne. / OCTAVE PAUTE/THÉÂTRE DE CHEVILLY-LARUE

Le collectif Xclus, créé en 2015, rassemble programmateurs et artistes à travers toute la France. Il organise des événements au profit d’associations qui luttent contre l’exclusion et viennent en aide aux migrants. Le temps d’un week-end, il propose une soirée de soutien en partenariat avec le Réseau éducation sans frontières (RESF), réunissant conteurs, musiciens, slameurs, comédiens, circassiens… au café littéraire associatif Le Petit Ney, et deux spectacles, Histoires de vies dans des valises, de Marie-Laure Picard, et 50, de Siriki Traoré et Mohamed Koné, au Shakirail. De son côté, le « festival de scènes voisines », comme se définit lui-même Circuit court, dont la troisième édition s’achève le 24 mars, réunit quatre structures pour proposer une programmation commune de sept spectacles originaux, à la croisée de plusieurs disciplines (théâtre, contes, cirque, arts graphiques, musique, etc.). Il s’agit de la Grange dîmière-Théâtre de Fresnes, du Théâtre de Rungis, du Théâtre André-Malraux et de La Maison du conte, tous deux situés à Chevilly-Larue. Deux spectacles sont programmés pour ce week-end de clôture : Bovary, de et avec Cendre Chassanne, à Chevilly-Larue, vendredi 23 à 20 h 30, et Kohlhaas, de Marco Baliani et Remo Rostagno, avec Viktoria Kozlova, à Fresnes, samedi 24 à 20 h 30. Cristina Marino

Collectif Xclus, soirée de soutien aux migrants au Petit Ney, 10, avenue de la Porte-de-Montmartre, Paris 18e. Tél. : 01-42-62-00-00. Samedi 24 mars de 18 heures à 23 heures. Entrée libre (participation au chapeau). Deux spectacles au Shakirail, 72, rue Riquet, Paris 18e. Dimanche 25 mars à 15 heures et à 16 h 15. « Circuit court, festival de scènes voisines ». A Chevilly-Larue et à Fresnes, jusqu’au 24 mars. Tarif unique : 6,50 € par spectacle.

FESTIVAL. Un Grand Festival contre le racisme et l’antisémitisme, à Paris

Le Grand Festival contre le racisme et l’antisémitisme dure jusqu’au 25 mars au Palais de la Porte Dorée à Paris.

Contre le racisme et l’antisémitisme, le Grand Festival, piloté par le Musée de l’histoire et de l’immigration, dans le cadre du Palais de la porte Dorée, tient sa 3e édition, une kyrielle d’événements multidisciplinaires (musique, stand-up, littérature, performances, etc.). Côté concerts, la soirée Bouge de là, vendredi 23 mars, avec la présence de Passi, des Neg’ Marrons et du DJ Cutkiller, devrait électriser l’ambiance. Samedi, la fanfare 30 nuances de Noir(es), puis le Bal Tsigane du Bazaarium Project feront ronfler les cuivres et chauffer les violons. Dimanche, ça danse avec le spectacle Une bouche, de Lila Derridj, la performance Still in Paradise, de l’artiste Yan Duyvendak et Omar Ghayatt, mais aussi Premix, de Herman Diephuis. A voir aussi l’exposition « Mondes tsiganes ». Des conférences, des rencontres et des concerts littéraires ainsi que des ateliers pour enfants sont aussi proposés. Rosita Boisseau

Le Grand Festival, jusqu’au dimanche 25 mars. Palais de la porte Dorée, Musée de l’histoire et de l’immigration, 93, avenue Daumesnil, Paris 12e. Tarifs : entre 9 et 12 €. Beaucoup d’événements sont gratuits sur réservation. Les personnes à mobilité réduite accèdent au palais au 293, avenue Daumesnil.

THÉÂTRE. Nicolas Bouchaud fait « Un métier idéal » au Rond-Point, à Paris

Nicolas Bouchaud dans « Un métier idéal ». / JEAN-LOUIS FERNANDEZ

Le Théâtre du Rond-Point, à Paris, a la bonne idée de programmer à la suite, jusqu’à la mi-avril, les trois premiers solos inventés par le comédien Nicolas Bouchaud autour de figures liées à l’art et à sa transmission. Après celle du critique de cinéma Serge Daney dans La Loi du marcheur, c’est pourtant un médecin qui est au cœur du deuxième spectacle de la collection : le docteur Sassall, médecin de campagne dans l’Angleterre des années 1960, tel que l’a vu l’écrivain John Berger, en compagnie du photographe Jean Mohr, dans un livre intitulé Un métier idéal. Mais Sassall, qui soigne les âmes autant, sinon plus, que les corps, est bien une sorte d’artiste, à sa manière, comme le montre ce spectacle drôle et profond. C’est un chaman, comme le grand Nicolas Bouchaud en est un, qui se livre à un jeu poétique qui rend vivantes et sensibles les questions – vastes – soulevées par le livre, et qui ont trait à la maladie, à la douleur d’exister, au temps, à la valeur de la vie humaine ou à la vocation. F. Da.

« Un métier idéal », vendredi 23 et samedi 24 mars à 21 heures. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e. Tél. : 01-44-95-98-21.

SPECTACLE/EXPO. Le Petit Chaperon rouge à la médiathèque de la CAL, à Longwy

L’une des œuvres autour du rouge exposées à la médiathèque de la CAL à Longwy. / PATRICE STÉFANI

Dans la foulée de la Journée mondiale du conte, mardi 20 mars, la médiathèque de la CAL (communauté d’agglomération de Longwy) et la bibliothèque Louis-Aragon de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) proposent une série d’événements autour d’une des figures mythiques de la littérature orale, le Petit Chaperon rouge. La conteuse Sophie Clerfayt présentera, samedi 24 mars, un aperçu de sa nouvelle création Tous mes chaperons, composée de plusieurs histoires et variations sur ce thème. Le même jour sera inaugurée une exposition autour du rouge réunissant vingt-cinq artistes invités à travailler à partir de cette couleur hautement symbolique. Cette exposition sera visible jusqu’au 28 avril dans la galerie de la médiathèque de la CAL. Une façon originale d’allier arts plastiques et contes autour d’une thématique commune. C. Mo.

« Le Petit Chaperon rouge comme vous ne l’aurez jamais entendu », avec « Tous mes chaperons », de et avec Sophie Clerfayt, samedi 24 mars à 16 heures à l’auditorium, et l’exposition autour du rouge, du 24 mars au 28 avril, dans la galerie. Médiathèque de la CAL, rue de l’Aviation, Longwy-Haut (Meurthe-et-Moselle). Tél. : 03-82-23-15-76. Tarif unique pour le spectacle : 10 €.

SALON. Drawing Now, pleins feux sur le dessin, à Paris

Le salon du dessin contemporain, Drawing Now, se tient jusqu’au 25 mars au Carreau du Temple à Paris. / DRAWING NOW

Vous êtes plutôt sanguine ou graphite ? Abstrait ou surréaliste ? Pas d’inquiétude, il y en a pour tous les (bons) goûts à Drawing Now. Pour sa 12e édition, le salon du dessin contemporain propose à Paris un florilège de la jeune création, à travers les choix de 72 galeries venues de toute l’Europe. L’occasion de faire de jolies découvertes, et pourquoi pas de craquer ? Nombre de belles feuilles s’échangent à prix doux, et pour moins de 1 000 euros, les amateurs en herbe ont le choix, plus que sur aucune autre foire. Dans le rayon des figures reconnues, on peut repérer Fred Deux, Stephan Balkenhol, Marc Desgrandchamps ou Philippe Mayaux. Mais il ne faut pas se priver d’aller sur des terrains plus méconnus. Quelques recommandations parmi la jeune génération ? Les grottes dentelées d’Eva Jospin, chez Suzanne Tarasiève, les fragiles papiers griffés et perforés de Dominique de Beir, ou encore les aquarelles traversées d’une étrange lumière de la Chilienne Christiane Pooley. Bref, une foire qui devrait séduire même ceux qui détestent les foires ! Emmanuelle Lequeux

Drawing Now, jusqu’au dimanche 25 mars. Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, Paris 3e. Tél. : 01-45-38-51-15. Tarifs : de 9 à 16 €. Tous les jours de 11 à 20 heures, 19 heures le dimanche.

EXPO. Les parures de guerre des seigneurs japonais au Musée Guimet, à Paris

Armure de samouraï aux armoiries de la famille Ando, époque Edo, vers 1850. / MUSÉE DÉPARTEMENTAL DES ARTS ASIATIQUES DE NICE

Inutile d’être spécialiste de l’histoire du Japon pour connaître les samouraïs, ces guerriers qui peuplent nombre de mangas, jeux vidéo et films, notamment ceux d’Akira Kurozawa. Mais qui connaît les daimyo ? Ces seigneurs jouèrent un rôle important durant la période dite « féodale » et au début de l’ère Edo (1603-1867), avant de disparaître, avec la montée en puissance de la classe marchande. Ils se livraient des guerres pour étendre leur fief, protégés sous des armures d’une extraordinaire sophistication. Le Musée national des arts asiatiques Guimet, en association avec le Palais de Tokyo, en présente une trentaine, et c’est un éblouissement. Autant que le goût pour la magnificence de ces grands feudataires, c’est la prouesse technique des artisans chargés d’imaginer et de concevoir ces armures – qui servaient aussi à témoigner de sa richesse et de sa puissance – qu’illustre l’exposition. Sont aussi présentés, en regard des armures, des étendards, des casques, des masques, des sabres, dont les gardes (tsuba) sont de véritables œuvres d’art, et des parures en soie ou en coton portées sous et sur l’armure (jinbaori), au stylisme d’une frappante ­modernité. Sylvie Kerviel

« Daimyo. Seigneurs de la guerre au Japon », Musée national des arts asiatiques Guimet, 6, place d’Iéna, Paris 16e. Jusqu’au 14 mai.