Ensemble, ils ont écrit la plus belle page de l’histoire du football sénégalais. C’était en 2002, au Japon et en Corée du Sud : le pays participait à sa première phase finale de Coupe du monde et l’équipe nationale s’était hissée en quart de finale avant d’être éliminée par le froid réalisme turc sur un but en or. Depuis les liens tissés ne se se sont pas dénoués.

Devenu sélectionneur, Aliou Cissé a donc demandé à ses anciens coéquipiers Tony Silva, Omar Daf et Lamine Diatta d’accompagner les Lions de la Teranga au prochain Mondial, du 14 juin au 15 juillet en Russie. En attendant, le Sénégal doit affronter la Bosnie-Herzégovine, mardi 27 mars au Havre, en match préparatoire.

Entre les quatre hommes, il y a de l’amitié, du respect et des souvenirs à profusion. Il serait faux de penser que leur histoire commune a commencé au stade de Séoul où ils ont battu la France championne du monde en match d’ouverture du Mondial, le 31 mai 2002. En réalité, elle a débuté quelques mois avant, lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) disputée au Mali, où les Lions se sont inclinés en finale face au Cameroun.

« Je me souviens d’un match du premier tour contre la Tunisie alors que nous étions qualifiés, dit Omar Daf. Après la causerie du sélectionneur, Bruno Metsu, nous avions improvisé une réunion entre joueurs pour se dire qu’il n’était pas envisageable de perdre. Par une chaleur étouffante, nous avions tout donné contre un adversaire qui jouait sa qualification. C’est cette envie de se surpasser que nous voulons aujourd’hui transmettre aux joueurs. »

« Avec lui, je pars à la guerre ! »

A l’époque, Aliou Cissé s’affirmait déjà comme un des leaders de l’équipe. Bruno Metsu, l’extraverti sélectionneur français des Lions, aujourd’hui décédé, en avait fait l’un de ses relais au sein du groupe. L’ancien joueur, qui a effectué une partie de sa carrière au Paris-Saint-Germain (1998-2001), a été nommé sélectionneur en mars 2015. Il a très rapidement souhaité retrouver la dynamique de l’équipe de 2002.

« Il m’a proposé de travailler avec lui dès sa nomination et j’ai accepté », témoigne Omar Daf, qui entraîne l’équipe réserve de Sochaux, club français où il a effectué la majeure partie de sa carrière de joueur (1997-2009 et 2012-2013). « Ce qu’on veut, c’est que le Sénégal gagne, poursuit-il. Tony Sylva, l’entraîneur des gardiens, et Lamine Diatta, le team manager, sont eux aussi devenus internationaux en 1999 et 2000. C’est sans doute pour ça qu’il existe une telle proximité entre nous. »

« Aliou m’avait proposé de travailler avec lui quand il était chargé des moins de 23 ans, assure de son côté Tony Sylva. Ça n’avait pas pu se faire à l’époque, mais quand il me l’a reproposé je n’ai pas hésité. Avec lui, je pars à la guerre ! »

La transmission de cet esprit est aujourd’hui au cœur de leur mission. « On rappelle aux jeunes l’importance de jouer pour le pays et on parle de notre propre expérience du haut niveau, explique Omar Daf. Une défaite en équipe nationale est vécue comme un drame, car les gens attendent beaucoup de la sélection. Notre rôle, c’est aussi d’évoquer ce qu’on a connu. On ne peut pas comparer l’équipe de 2002 et celle d’aujourd’hui, mais on va forcément trouver des points communs. »

« Leur parcours est très flatteur, affirme l’actuel défenseur Lamine Gassama. L’épopée de 2002 a quelque chose de motivant et nous met une certaine pression. Mais c’est à nous d’écrire notre propre histoire. »

« Diouf aimerait être plus consulté »

Au sein de la cellule technique des Lions de la Teranga, c’est toujours Aliou Cissé qui a le dernier mot. « Mais au sein du staff, il n’évolue pas en solo. C’est quelqu’un de beaucoup plus ouvert qu’on ne le croit », précise Omar Daf. Malgré des résultats convaincants, le sélectionneur n’est pas épargné par les critiques d’une partie de la presse qui lui reproche notamment sa tactique trop prudente.

Star de l’équipe de 2002, El-Hadji Diouf estime quant à lui qu’Aliou Cissé n’ouvre pas assez les portes de la sélection et qu’il n’est pas disposé à écouter les conseils venus de l’extérieur. « Diouf aimerait être plus impliqué et consulté, assure un proche de la sélection. Mais pour Aliou Cissé, les statuts individuels passent après le groupe. » Une deuxième épopée en Coupe du monde est peut être à ce prix.