Catherine Guillouard, la présidente de la RATP,  à Paris, le 15 novembre 2017. / ERIC PIERMONT / AFP

Ancienne championne de ski, Catherine Guillouard n’a en théorie pas peur de la compétition. Mais, en dirigeante chevronnée, la présidente de la RATP préfère l’aborder avec le moins de remous possible. Lors de la présentation de ses résultats 2017, vendredi 23 mars, la nouvelle Madame Métro (elle a remplacé l’été dernier, Elisabeth Borne devenue ministre des transports) a clamé son attachement au statut public de son entreprise et à celui de ses agents.

Mme Guillouard l’assure : être un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), directement sous la tutelle souvent embrouillée de l’Etat, n’handicape en rien la RATP. Manifestement, elle n’a pas le même point de vue que son homologue Guillaume Pepy, le patron des chemins de fer, lequel plaide pour un passage en société anonyme (SA) afin d’améliorer l’efficacité de son exploitation et transformer le mammouth SNCF en une entreprise moderne et agile.

Pourtant, relèvent une poignée d’observateurs rabat-joie, l’Epic est une forme juridique qui risque de faire sourciller les arbitres tatillons de l’Union européenne dans la perspective inéluctable d’une ouverture à la concurrence de l’intégralité des lignes de bus, tramway, métro et RER de Paris et de sa banlieue. Et puis pourquoi figer un des grands groupes de transport public français dans ce statut un brin suranné d’Epic quand l’autre deviendrait une SA plus en phase avec son temps ?

Un groupe public en pleine forme

« La RATP est différente de la SNCF sur bien des sujets, a donc plaidé Mme Guillouard. Le calendrier de l’ouverture à la concurrence n’est pas le même et s’étale de 2024 pour les bus à 2039 pour le métro. Les éléments du statut des agents n’empêchent pas la flexibilité et la polyvalence. Le régime des retraites de la RATP est en train de rejoindre celui des salariés du privé. Quant au niveau d’endettement, il n’a rien à voir avec celui de la SNCF. »

Il faut dire que les résultats dévoilés vendredi donnent l’image d’un groupe public en pleine forme. Un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros, un résultat opérationnel récurrent en hausse de 20 %, un bénéfice multiplié par deux à 339 millions d’euros.

Quoiqu’astreinte à un plan d’investissement conséquent, la RATP a réussi le tour de force de se désendetter de 200 millions d’euros en 2017. Aujourd’hui sa dette représente 6,4 années d’excédent brut d’exploitation (contre 7 l’an dernier). Ce même ratio chez la SNCF atteint douze années au global et même vingt-quatre ans pour SNCF Réseau.

Mais gare ! Une trop bonne santé pourrait se transformer en contre-argument. Comme elle ne souffre précisément pas de cette maladie de la dette qui constitue un handicap majeur pour devenir une société par actions, la RATP serait une candidate toute trouvée au passage en SA.

Heureusement, Mme Guillouard bénéficie de quelques soutiens de poids dans cette « Epic » bataille. A commencer par celui de la ministre Elisabeth Borne, qui a confirmé que le gouvernement, qui n’a pas une très grande envie de se rajouter un front social en ce moment, souhaitait le statu-quo pour son ancienne maison. Et la patronne peut aussi compter sur le soutien des salariés de la RATP dans ce combat. L’appel à la grève du 22 mars n’a pas été entendu à la RATP. Le trafic quasi normal du métro et des bus parisiens pouvait être interprété comme un soutien à la direction.