Sur un quai de la gare de l’Est, à Paris, le 22 mars, jour de la manifestation nationale des cheminots contre le projet de réforme de la SNCF. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Bruno Gazeau en a assez. Le président de l’influente Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a le sentiment que les voyageurs sont les grands oubliés de la réforme ferroviaire, tout en étant les premières victimes du conflit qui en découle. « Nous sommes ballottés au fil d’un combat frontal dans lequel nous n’avons pas notre place, se désole-t-il. Pourtant, je ressens une inquiétude très importante de la population, à travers les mails que je reçois, sur la perspective d’un conflit de trois mois. »

Premier des griefs de la Fnaut, cette grève perlée de deux jours sur cinq qui pourrait, à partir du 3 avril, désorganiser le transport ferroviaire en France, et ce jusqu’à la fin juin. « Nous respectons absolument le droit de grève, mais nous attendons en retour que les syndicats respectent les droits de l’usager, poursuit le patron de la fédération. Quatre millions et demi de personnes vont être affectées chaque jour. C’est considérable. »

« Les personnes pénalisées par les grèves sont les moins favorisées, souligne M. Gazeau. Ceux qui ont des solutions alternatives ne représentent pas la majorité des voyageurs. Au bout du compte, c’est la France qui se lève tôt qui prendra la grève de plein fouet. »

« Le sujet de fond, c’est la qualité du service »

Mais la Fnaut se sent aussi exclue de la concertation sur la réforme ferroviaire. « Le débat se focalise sur le statut. Pour nous, ce n’est pas le problème principal, dit M. Gazeau. Le sujet de fond, c’est la qualité de service. »

« Pour qu’un train arrive à l’heure, il faut que les caténaires fonctionnent, qu’il n’y ait pas d’incident sur le réseau, rappelle le président de la Fnaut. Tout cela dépend des moyens mis par l’Etat. Mais, pour qu’un train parte à l’heure, cela dépend exclusivement de la SNCF. De l’organisation du travail, de la polyvalence, de l’affectation des personnels… »

Favorable à une « concurrence régulée des opérateurs dans le transport régional, parce que c’est facteur d’amélioration de la qualité de service », la Fnaut se dit contre la transformation de SNCF Réseau en société par actions. « Les infrastructures ferroviaires sont un patrimoine national et on ne voit pas pourquoi il faudrait les mettre dans une société anonyme. »