Jeremy Corbyn, à  Londres, le 25 janvier 2018. / Peter Nicholls / REUTERS

Près de 500 personnes ont manifesté lundi 26 mars devant le Parlement britannique contre le chef de l’opposition, Jeremy Corbyn, accusé de laisser l’antisémitisme se diffuser dans le Parti travailliste. « Jeremy Corbyn n’a pas su prendre de mesures significatives, et a laissé un espace aux racistes », a déclaré à la foule Jonathan Arkush, le président d’une organisation représentative de la communauté juive, le Board of Deputies of British Jews. « Trop, c’est trop », a-t-il entonné, avertissant que les juifs « désertaient » le Parti travailliste.

Une cinquantaine de partisans de Jeremy Corbyn étaient venus exprimer leur soutien à leur leadeur, entraînant des échanges tendus entre les deux groupes et quelques légers accrochages.

La polémique remonte à la découverte d’un ancien commentaire du député sur Facebook en 2012 : il avait apporté son soutien à une fresque antisémite d’un artiste de rue, représentant des banquiers jouant au Monopoly sur le dos des pauvres, qui devait être effacée. Le député travailliste Tom Watson a qualifié dimanche 25 mars le tag d’« horrible fresque antisémite qui a été détruite à juste titre ».

Le Board of Deputies of British Jews avait publié lundi, avec une autre organisation juive, le Jewish Leadership Council, une lettre ouverte au ton exceptionnellement ferme dans laquelle ils accusaient Jeremy Corbyn de se trouver régulièrement « du côté des antisémites ».

« Haine obsessionnelle »

Le Hezbollah, le mouvement chiite libanais, « commet des atrocités terroristes contre les juifs, mais Corbyn dit que ce sont ses amis et assiste à des rassemblements en faveur du Hezbollah à Londres », accusaient les deux organisations. « Il en va exactement de même pour le Hamas, le mouvement islamiste palestinien. Encore et encore, Jeremy Corbyn a été du côté des antisémites plutôt que du côté des juifs. »

Les organisations affirment que les « calomnies contre les juifs » sont constantes chez les travaillistes, que ce soit sur Internet ou pendant les meetings, et que seul Jeremy Corbyn peut y mettre fin. « Au mieux, cela dérive de la haine obsessionnelle de l’extrême gauche envers le sionisme, les sionistes et Israël. Au pire, cela suggère une conception conspirationniste du monde dans laquelle les communautés juives modérées sont considérées comme une entité hostile », accusent les organisations.

Dans un communiqué publié dimanche, le leadeur travailliste a déclaré qu’il rencontrerait dans les prochains jours des représentants de la communauté juive pour tenter d’apaiser ces critiques. « De l’antisémitisme s’est manifesté dans des poches à l’intérieur du Parti travailliste, causant de la peine et de la douleur à notre communauté juive dans le parti et dans le reste du pays, a-t-il avancé. Je suis sincèrement désolé de la douleur qui a été causée. »