Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, à Bruxelles, le 23 février 2018. / Eric Vidal / REUTERS

La justice nigérienne a inculpé, mardi 27 mars, plusieurs responsables de la société civile écroués après une manifestation interdite qui avait dégénéré, dimanche, en violences avec la police, ont indiqué les médias locaux. Vingt-trois personnes, dont quatre figures de la société civile, avaient été arrêtées.

Selon des responsables du collectif d’ONG à l’origine de la protestation, les personnes incarcérées sont poursuivies notamment pour « organisation et participation à une marche interdite » et « complicité de dégradations de biens publics et privés ».

Des télévisions locales ont précisé que les quatre figures de la contestation sont incarcérées dans différentes prisons : Nouhou Arzika est en détention à Say (au sud de Niamey), Moussa Tchangari à Ouallam (au nord de la capitale), Me Lirwana Abdourahamane à Dai-Kaina (ouest) et Ali Idrissa à Filingué (à environ 180 km au nord-est de Niamey).

Une loi de finances jugée « antisociale »

Lundi, Amnesty International a demandé la libération des 23 personnes. « Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer les activistes de la société civile et de l’opposition politique arrêtés [dimanche] au cours d’une manifestation publique », indique l’organisation de défense des droits humains dans un communiqué.

D’après Amnesty, « la vague d’arrestations d’activistes et la réponse manifestement brutale des forces de sécurité bafouent non seulement le droit des manifestants à la liberté de réunion pacifique, mais risquent d’embraser une situation déjà tendue au Niger ».

La manifestation de dimanche « a été interdite pour des raisons de sécurité » et surtout « parce qu’elle était prévue la nuit », a précisé à l’AFP le ministre nigérien de l’intérieur, Mohamed Bazoum. Mais ses organisateurs « ont passé outre », a expliqué le ministre. Les manifestants « ont incité et provoqué des troubles à l’ordre public […], ils sont en rébellion pour avoir jugé l’arrêté d’interdiction des autorités illégal », a-t-il affirmé.

Dimanche soir, la police a ordonné la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » du groupe privé de radio-télévision Labari, appartenant à Ali Idrissa. Des heurts ont éclaté dimanche après-midi à Niamey entre les forces de l’ordre et des manifestants qui voulaient braver l’interdiction par les autorités d’une manifestation contre la loi de finances 2018, qu’ils jugent « antisociale ».