Des étudiants après l’évacuation violente à la fac de Montpellier, vendredi 23 mars. / RICHARD DE HULLESSEN / PHOTOPQR/LE MIDI LIBRE/MAXPPP

Après l’évacuation violente d’étudiants grévistes qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit de Montpellier dans la nuit du jeudi 22 mars, plusieurs enseignants restent soupçonnés d’y avoir participé. La démission du doyen de la faculté lui-même, après avoir tenu des propos ambigus sur cette intervention d’hommes encagoulés et armés de bâtons, n’a pas suffi à faire retomber les tensions entre partisans et opposants au blocage de l’université.

Les noms d’enseignants accusés d’avoir participé à ces violences ont été publiés sur un site antifasciste montpelliérain ou tagués sur des murs de la fac, note Libération dans son édition du 28 mars. Y figure notamment celui de Jean-Luc Coronel de Boissezon, professeur d’histoire du droit. D’après les témoignages recueillis par Le Monde, plusieurs étudiants participant à l’occupation ont expliqué l’avoir vu dévaler les marches de l’amphithéâtre, le visage découvert, et frapper des étudiants sur l’estrade, avec ses poings. Celui-ci a répondu par courriel aux questions de Libération sur son implication :

« Si j’étais bien présent dans l’amphithéâtre de ma faculté, ce soir-là, pour veiller sur nos locaux, nos étudiants et nos collègues présents, je n’étais évidemment pas cagoulé et donc parfaitement identifiable de mon plein gré. »

S’il précise réserver ses observations aux autorités compétentes, il ne nie pas avoir porté des coups, ajoutant, sibyllin :

« Je n’ai pas l’habitude, lorsque je suis agressé, de rester passif. »

Plaintes pour diffamation

Les noms d’autres enseignants ou chargés de travaux dirigés (TD) circulent, avec des témoignages d’étudiants contradictoires quant à la participation de certains au commando. Un professeur spécialiste du droit de la santé a assuré, dans un courriel à Libération, de sa « ferme condamnation envers toute forme de violence », et explique avoir porté plainte pour diffamation ; ce que le parquet a confirmé au Monde. Le doyen de la faculté de droit aurait lui aussi porté plainte, notamment pour diffamation, précise Le Point, citant « une source proche du dossier ». Libération évoque enfin, sans citer leurs noms, deux chargés de TD ainsi que deux de leurs collègues qui ont, selon leur avocat, été entendus par la police sans être mis en examen.

Deux enquêtes en cours et huit plaintes de victimes déposées à ce jour

Deux enquêtes sont en cours pour éclaircir les conditions des événements de cette nuit du 22 mars, tandis que de nombreuses vidéos des événements filmées par les étudiants circulent sur les réseaux sociaux. L’une des enquêtes est menée par l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (Igaenr), à la demande de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. L’autre relève de la justice, avec une procédure ouverte par le parquet de Montpellier, confiée à la sûreté départementale, pour « violence en réunion » et « intrusion ». Huit plaintes de victimes auraient été déposées à ce jour, d’après la Ligue des droits de l’homme, qui accompagne plusieurs étudiants, tandis que le président de l’université, Philippe Augé, a également porté plainte contre X.

Ce dernier a annoncé, mardi 27 mars, le maintien de la fermeture de la faculté de droit – décidée au lendemain des événements, vendredi à midi jusqu’au mardi 3 avril. La réouverture n’aura lieu qu’une fois « la situation complètement apaisée et lorsque les conditions de sécurité seront remplies pour garantir l’accueil des étudiants et des agents », dit un communiqué.

Des étudiants grévistes agressés par des hommes encagoulés, à Montpellier
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