L’avis du « Monde » – on peut éviter

Deux sœurs, actrices toutes les deux. A l’une la lumière, à l’autre l’ombre. Samia (Zita Hanrot), la plus expansive, a un enfant, un amoureux, et une carrière qui démarre bien. Le rôle de Justine qu’elle décroche dans un thriller aux accents sadiens, dirigé par un réalisateur belge tyrannique mais célèbre, lui promet une célébrité immédiate. Mona (Leïla Bekhti), plus réservée, est célibataire. A force d’écumer les castings sans succès, elle se fond dans l’ombre de sa sœur, devient à la fois la super baby-sitter de son fils et sa répétitrice sur le tournage. Un beau jour, Samia disparaît. Et Mona, insensiblement, se glisse dans ses souliers.

Etrange projet que ce film dont la situation de départ est celle des auteurs, les frères Jérémie et Yannick Renier. Acteurs belges tous les deux, le premier a vu sa carrière décoller après son premier rôle chez les frères Dardenne dans La Promesse, en 1995, tandis que son aîné restait cantonné à des rôles secondaires. Les voilà donc, à 37 et 42 ans respectivement, qui imaginent un thriller à partir de leur propre histoire et décident de la mettre en scène. Ce passage derrière la caméra est une première pour les deux, et c’est complètement raté.

Titre incongru

Intrigue cousue de fil blanc, ressorts dramatiques arbitraires, décors chaleureux comme un appartement témoin, caméra posée n’importe où pourvu qu’elle filme les visages des acteurs en train de parler, atmosphère aussi vibrante qu’une cantine d’entreprise à 11 heures du matin, montage bancal, focalisé sur les dialogues faute de susciter le frisson… Sans oublier ce titre incongru dont on se demande jusqu’à la fin quelle signification il est censé porter. Le film a beau durer moins d’une heure trente, il en pèse le triple.

Carnivores - avec Leïla Bekhti et Zita Hanrot - Bande-Annonce
Durée : 01:40

Film français de Jérémie et Yannick Renier. Avec Leïla Bekhti, Zita Hanrot, Bastien Bouillon, Hiam Abbas (1 h 26). Sur le Web : www.marsfilms.com/film/carnivores