Les Irlandais vont être appelés à se prononcer le 25 mai par référendum sur la libéralisation de l’avortement. Ils décideront d’abroger ou non la législation actuelle, le 8e amendement, qui grave dans le marbre le droit à la vie de la mère et de son enfant à naître.

Il s’agit de l’une des législations les plus restrictives d’Europe, puisque l’avortement n’est prévu qu’en cas de risque mortel pour la mère. En cas de majorité, il reviendra au gouvernement d’élaborer un nouveau projet de loi, qui devrait autoriser l’avortement dans les douze premières semaines de grossesse.

« Le référendum pour abroger le 8e amendement [de la Constitution] aura lieu vendredi 25 mai », a tweeté mercredi le ministre de la santé irlandais, Simon Harris, engagé en faveur d’une libéralisation de la loi. « Le peuple aura son mot à dire. » L’organisation du référendum a été approuvée par les deux chambres du Parlement irlandais, qui ont voté une loi en ce sens. Le Sénat irlandais a adopté mercredi le texte de loi par 40 voix contre 10.

« Une opportunité unique »

L’ONG Amnesty Internationale a salué sur Twitter l’annonce du référendum, estimant qu’il s’agissait d’une « opportunité unique pour l’Irlande de mettre en place des lois qui respectent les droits de l’homme, des femmes et des filles ».

L’organisation d’un référendum était une promesse du premier ministre, Leo Varadkar, arrivé au pouvoir en juin 2017, qui juge la loi « trop restrictive ». Médecin de formation, il avait annoncé qu’il ferait campagne en faveur de la libéralisation de la loi. En janvier, il avait affirmé publiquement que la Constitution n’avait pas vocation à « établir des affirmations définitives sur des sujets médicaux, moraux et légaux ».

L’avortement a toujours été illégal en Irlande, mais son interdiction n’a été insérée dans la Constitution qu’en 1983, après avoir recueilli 67 % des suffrages lors d’un référendum. Le huitième amendement garantit « le droit à la vie » de l’embryon, en tenant compte du « droit égal à la vie de la mère ».

Quatorze ans de prison

L’exception à cette interdiction – le risque mortel pour la mère – a été ajoutée en 2013, peu après la mort d’une femme enceinte, des suites d’une grossesse à problèmes que ses médecins avaient refusé d’interrompre, et qui avait scandalisé l’opinion. Néanmoins, le viol, l’inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d’avorter, et une telle intervention constitue un crime passible d’une peine de quatorze ans de prison.

Des milliers d’Irlandaises se rendent chaque année à l’étranger, principalement au Royaume-Uni, pour avorter. Deux études d’opinion publiées à la fin de janvier laissent entendre qu’entre 51 % et 56 % des électeurs sont favorables à l’autorisation de l’avortement au cours des douze premières semaines de grossesse, tandis que 30 % y sont opposés, les autres étant indécis. Ces sondages témoignent toutefois d’un fossé générationnel : une franche majorité des plus de 65 ans étant contre une telle réforme. Et, selon des observateurs, la mobilisation risque d’être forte dans le camp des adversaires de la proposition.