Film sur Arte à 20 h 55

JONATHAN ein Film von Piotr J. Lewandowski - exklusiver Clip #1
Durée : 01:55

Il n’existe pas de bonne façon de mourir. De même qu’il n’est pas toujours de bonne manière de vivre. Burghardt ­(André Hennicke), atteint d’un cancer depuis trois ans, dont le corps se décompose jour après jour, sait qu’il n’en va pas autrement. Son agonie s’évertuant à ­retarder la fin, et son mutisme, à empêcher sa délivrance.

Car Burghardt n’est pas seu­lement rongé par la maladie, il l’est aussi par un secret qu’il s’obstine à taire. Surtout à son fils, ­Jonathan (Jannis Niewöhner), 23 ans, dont la mère est morte quand il était enfant, et qui fait tourner la ferme familiale tout en veillant sur son père.

« J’ai rencontré des personnes qui avaient tous les organes foutus et ils n’arrivaient pas à partir. Quelque chose les retenait. Quelque chose de pas résolu. Si tu veux mourir, tu dois lâcher prise. Ne ­serait-ce qu’une journée. » Cette phrase adressée par Anka (Julia Koschitz) – l’aide à domicile – à Burghardt résume le premier long-métrage du cinéaste polonais Piotr J. Lewandowski, dont le temps reste suspendu à ce pont entre deux rives, menant de vie à trépas.

Combat contre les ténèbres

Tandis que les jours du père sont comptés et que ceux du fils s’ouvrent à « l’infini », « le secret » (dont les indices censés nous ­conduire au soupçon n’arrivent vraiment qu’à la fin du premier tiers du film) s’insinue, puis enfle jusqu’à son point de rupture : la ­révélation. Des jours vont s’écouler – « Ça occupe pas mal de mourir », tente d’ironiser Burghardt – avant que la lumière ne perce l’ombre. Cette lumière qui éclate çà et là, à des degrés d’intensité différents – crue, dans la chambre ­d’hôpital ; éblouissante, dans les prés où se jouent les scènes d’amour ; jaunâtre, dans les ampoules qui grillent les insectes –, comme autant de signes ­annonciateurs d’un dénouement ouvert sur le ciel.

Ce combat contre les ténèbres que livre, au fond, chacun des personnages s’effectue au gré de corps-à-corps qui – tendres, violents, cruels – tendent tous à la ­réparation. A la victoire de la vie sur la mort, puissamment mise en scène dans le dernier acte sexuel auquel s’abandonne, mourant et sous perfusion, Burghardt. De cette scène, on ne peut rien dire, au risque d’en dévoiler trop, si ce n’est peut-être qu’elle aura son pendant (tout aussi bouleversant) deux ans plus tard, dans le film de Robin Campillo, 120 battements par minute.

Jonathan, de Piotr J. Lewandowski. Avec André Hennicke, Jannis Niewöhner, Julia Koschitz (All., 2015, 90 min).