Novak Djokovic, le 23 mars. / Geoff Burke / USA TODAY Sports

Inéluctablement, la rupture se profilait au gré des mauvais résultats. Tombé au 12ème rang mondial, le Serbe Novak Djokovic, 30 ans, s’est séparé de son entraîneur Andre Agassi, ex-légende américaine des courts et ancien numéro 1 du circuit. «  « C’est avec les meilleures intentions que j’ai tenté d’aider Novak. On s’est souvent trouvé dans la situation où on était d’accord de ne pas être d’accord, je lui souhaite le meilleur pour l’avenir », a déclaré Agassi dans un message diffusé par la chaîne de télévision ESPN, vendredi 30 mars.

Le « Kid » de Las Vegas, 47 ans, avait entamé sa collaboration avec Djokovic en mai 2017, avant Roland- Garros, où ce dernier, tenant du titre, avait été éliminé en quarts de finale par l’Autrichien Dominic Thiem. Cette annonce intervient alors que le Serbe vient d’être « sorti » en deux sets (6-3, 6-4) par le Français Benoit Paire, dès son entrée en lice du Masters 1000 de Miami. « Je ne serais pas allé sur le court si je ne me croyais pas capable de gagner un match. Je ne serais pas là. Personne ne me force à jouer en me menaçant avec un fouet, avait déclaré le joueur, après son échec à Miami. Je suis libre de choisir. Malheureusement, je ne suis pas au niveau. C’est comme ça, la vie continue. »

La tournée américaine de Djokovic a ainsi viré au fiasco dans la mesure où le trentenaire avait déjà été battu dès son premier match au Masters d’Indian Wells. Vainqueur de douze titres du Grand Chelem, le Serbe traverse une « annus horribilis », scandée par une élimination en huitièmes de finale de l’Open d’Australie et une opération du coude. S’il a pu donner par le passé l’impression de changer d’entraîneurs pour ouvrir une nouvelle ère, congédiant au passage l’Allemand Boris Becker en 2016 ou son « coach historique » Marian Vajda en mai 2017, Djokovic s’était rapproché d’Agassi afin de procéder à quelques « ajustements ».

« Source d’inspiration »

En pleine zone de turbulences, il avait alors vu en son aîné américain, passé de leader du circuit en 1996 au 141ème rang en novembre 1997, un modèle de résilience, une « source d’inspiration. » C’est d’ailleurs à Roland- Garros, en 1999, qu’Agassi avait amorcé son retour en premier plan en s’imposant sur la terre ocre.

Sur les conseils de son épouse, l’ex-championne allemande Steffi Graf, le quadragénaire au crâne glabre avait accepté d’épauler Djokovic, en quête d’équilibre. « Il n’y a pas eu d’entretien d’embauche, de démonstration de motivation ou quoi que ce soit de ce genre. Il s’est spontanément créé un rapport entre nous, une plateforme qui nous permet d’échanger des choses très personnelles », avait expliqué le Serbe au début de sa collaboration avec Agassi.

Tiraillé entre ses affaires et sa fondation consacrée aux enfants défavorisés, Agassi avait alors aménagé son emploi du temps pour superviser la préparation de son nouveau « poulain ». Mais pas au point d’annuler un voyage en famille, programmé de longue date et tombant durant la deuxième semaine de Roland- Garros. Malgré les conseils à distance de l’Américain, pendu à son téléphone, le Serbe n’avait pu conserver son trône à la Porte d’Auteuil.

En dépit d’atomes crochus évidents entre les deux hommes sur le plan stylistique, leur collaboration de dix mois n’aura guère permis à « Djoko » de se relancer. Depuis le dernier Roland- Garros, l’ex-numéro 1 mondial n’a remporté que le modeste tournoi sur gazon de Eastbourne (Angleterre), en juillet 2017. En raison de douleurs récalcitrantes au coude, il avait annoncé mettre un terme à sa saison après son abandon contre le Tchèque Tomas Berdych, en quarts de finale de Wimbledon.

Il avait alors fait une croix sur l’US Open (qu’il a remporté en 2011 et 2015) et la demi-finale de Coupe Davis entre la Serbie et la France. Pour remonter la pente, Djokovic avait recruté comme second entraîneur, en novembre 2017, l’ex-joueur tchèque Radek Stepanek, tout juste retraité. Ce dernier n’avait pu se rendre à Miami pour épauler le Serbe en raison de la naissance prochaine de son enfant.