L’Urugayen Edinson Cavani a inscrit un doublé en finale de la Coupe de la Ligue, samedi 31 mars, à Bordeaux. / FRANCK FIFE / AFP

Comme la sensation de s’être fait tromper sur la marchandise. Vitrine d’une Ligue de football professionnel (LFP) en quête de retombées commerciales, la finale entre le PSG et Monaco avait débuté dans le clinquant, samedi 31 mars, à Bordeaux. Chorégraphies pyrotechniques, démonstration de freestyle, jeux de lumière avec le public, présentation du trophée par le réputé coach allemand Jürgen Klinsmann : un avant-match à l’américaine loin d’une compétition au rabais négligée et dévalorisée par quelques impétrants.

Au coup de sifflet final pourtant, pas d’explosion de joie chez les Parisiens, larges vainqueurs des joueurs du Rocher (3-0), mais une satisfaction contenue, celle du travail fait et bien exécuté. Seuls quelques signes affectueux lancés depuis la pelouse aux proches présents en tribunes trahissaient la spécificité de la partie : la conquête d’un titre. Une Coupe de la Ligue. La cinquième consécutive (record) et la huitième dans l’histoire du club (record). Le tout grâce à une quarantième victoire d’affilée en coupes nationales (record).

Énième paradoxe du PSG version Qatar Sports Investments (QSI) : une défaite face aux hommes de Leonardo Jardim eut fait de cette saison un fiasco industriel et sans doute poussé Unai Emery à boucler ses valises ; une victoire, aussi éclatante soit-elle, ne restaurera jamais un exercice définitivement plombé par la double confrontation face au Real Madrid, en huitièmes de finale de la Ligue des Champions. La seule compétition à même d’installer le club parmi les grands d’Europe et de satisfaire l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani. Le reste, domestique, ne sera jamais que l’opportunité d’enrichir la salle des trophées.

Patience et constance

« Je ne veux pas dire que l’on est habitué, avouait à demi-mot le gardien Kevin Trapp, après la finale. On entend parfois que c’est trop facile pour le PSG mais on doit tout donner, surtout contre une équipe comme Monaco. Si on ne fait pas tout, c’est compliqué. » Somme d’évidences et de mots si souvent débités en zone mixte, la déclaration du portier allemand a le mérite de rappeler les performances réalisées par les Parisiens ces dernières années.

Déjà vainqueur du Trophée des Champions et de la Coupe de la Ligue, loin devant leurs adversaires du soir en championnat et dernier costaud rescapé du tableau de Coupe de France : le PSG est en passe de réaliser le grand chelem national. Un sans-faute tricolore que d’aucuns considèrent comme le strict minimum d’une équipe taillée pour écraser ses concurrentes hexagonales.

Des succès « normaux » et « logiques » qui n’offrent aucune garantie au chef d’orchestre. Promis à un départ de la capitale en juin prochain depuis le revers face au Real, Unai Emery risque de connaître le sort de Laurent Blanc, son prédécesseur, débarqué après avoir cueilli les titres par poignées.

Aveugle ? Confiant ? L’entraîneur espagnol fait toujours preuve d’optimisme et envisageait déjà le futur du PSG, à l’issue de la finale :

« Je crois que le club va bien. Il est plus fort maintenant pour écrire l’histoire ici en France, et pour continuer à grandir à l’extérieur, en Europe et dans le monde. Il peut y avoir un projet très très solide. Il faut de la patience et de la constance. »

« Paris a déjà un entraîneur formidable »

Des appels à la « patience » que beaucoup verront dirigés vers Doha (Qatar) où celle des actionnaires ne semble pas excéder deux ans. Fragilisé l’an passé après la « remontada » de Barcelone, puis sous la pression d’un mercato estival record (Neymar et Mbappé arrachés pour 400 millions d’euros), l’ancien manager de Séville se savait particulièrement observé cette saison. Une pléiade de potentiels successeurs ont déjà été annoncés en discussions avec le club. La piste la plus chaude mènerait actuellement à l’Allemand Thomas Tuchel, sans club depuis son limogeage du Borussia Dortmund en mai 2017.

« C’est un coach formidable, très talentueux, il n’y a pas de doutes là-dessus, a confié Jürgen Klinsmann à l’Agence France-Presse (AFP). Mais je pense que Paris a déjà un entraîneur formidable. Emery est en train de faire un boulot fantastique. […] La bonne idée serait de le garder. »

S’il n’a certes pas réussi à porter les siens au-delà des huitièmes de sa « Champions », l’Espagnol pourra s’enorgueillir des promesses affichées par son équipe, même par intermittence. Multipliant les offrandes pour Edinson Cavani – auteur au passage d’un quatrième doublé en cinq finales de Coupe de la Ligue –, Kylian Mbappé a illuminé les retrouvailles avec ses anciens partenaires de toute sa classe. Le jeune international français s’est amusé durant toute la partie d’Andrea Raggi, transformé en plot.

Plus bas, Adrien Rabiot et Marco Verratti ont fait preuve d’une complémentarité déjà aperçue, mais si facilement perméable à la pression des grands événements. Serein, efficace et vigilant, Presnel Kimpembe a confirmé qu’il pourrait devenir le pilier de défense parisienne des prochaines années. Autant de forces sur lesquelles construire pour Unai Emery… ou son remplaçant.

« Comment je pense mon travail ?, faisait mine de s’interroger le coach après la victoire à Bordeaux. C’est comme dans la vie de tous les jours, c’est profiter de chaque instant, chaque moment. » On ne saurait trop conseiller à l’entraîneur de savourer chaque instant passé sous sa parka aux couleurs du PSG.