Au quatrième jour de grève des personnels d’Air France, mardi 3 avril, il n’y a toujours aucun espoir de sortie de crise. Toujours aussi déterminée, l’intersyndicale, qui regroupe dix organisations de la compagnie aérienne, a même ajouté deux préavis de grève supplémentaires, fixés aux 10 et 11 avril. Les syndicats réclament toujours une augmentation générale de 6 %. Un « simple rattrapage de l’inflation », soulignent-ils, après six années de blocage des salaires.

Mardi, selon la direction de la compagnie, « 75 % des vols étaient assurés ». Faux, répondent les pilotes. A les en croire, « Air France triche sur les chiffres, car beaucoup de vols seraient annulés ».

« Pas de fléchissement à attendre »

Sur le tarmac, « la mobilisation ne faiblit pas », constate Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Il prévient la direction « qu’il n’y a pas de fléchissement à attendre » et rappelle le précédent de septembre 2014 : « Lors de la grève des pilotes d’Air France, la mobilisation n’avait jamais fléchi. » Le conflit semble donc parti pour durer. « Tant que nous n’avons pas trouvé d’accord, les pilotes ne changeront pas d’avis », affirme le président du SNPL.

De son côté, la direction ne semble pas encline à ouvrir largement son porte-monnaie. Selon ses calculs, la facture des revendications salariales de l’intersyndicale se monterait à 240 millions d’euros. Cette enveloppe viendrait s’ajouter aux 200 millions d’euros déjà accordés sous forme d’augmentation des rémunérations, de promotions et d’intéressement. Et absorberait une large part du bénéfice 2017 d’Air France qui a atteint à 590 millions d’euros.

Après quatre jours de grève, la détermination des syndicats comme de la direction reste très forte. Toutefois, le dialogue n’est pas rompu. L’intersyndicale doit rencontrer la direction mercredi 4 avril, tandis que les pilotes ont de nouveau rendez-vous avec le directeur général d’Air France, Franck Terner, jeudi 5 avril.

Une entrevue « intéressée », observe M. Evain, « ils ont des choses à nous demander ». Selon le patron des pilotes, Air France serait d’accord pour augmenter les salaires des navigants en échange d’avancées sur certains dossiers. « Il faut que vous nous donniez l’argent pour vous augmenter », aurait proposé M. Terner aux représentants des pilotes lors d’une précédente rencontre.

Une facture de 100 millions d’euros

Air France voudrait ainsi obtenir le feu vert du SNPL pour augmenter le nombre d’avions de sa filiale à bas coûts Transavia. Alors que sa flotte est limitée à 30 appareils, Air France voudrait la faire passer à 40. De même, la compagnie voudrait faire sauter la clause qui interdit à Hop, filiale court-courrier d’Air France, de faire voler des avions de plus de 110 sièges. « Nous ne sommes pas à vendre », rétorque par avance M. Evain. Pour le président du SNPL, « ces sujets ne pourront être discutés qu’après le réglement de la question des salaires ».

Au terme de quatre jours de conflit, le coût de la grève commence à peser lourd sur les comptes d’Air France. La facture flirte déjà avec les 100 millions d’euros. Le refus d’Air France d’accéder aux revendications salariales de ses salariés « n’a aucun sens », estime M. Evain qui l’impute au manque « d’expérience de la direction de ce genre de situation ». Air France, ajoute-t-il, devra tôt ou tard mettre la main à la poche « car les salaires ne vont pas rester bloqués ad vitam aeternam ».