A la gare Lille Flandres, le 2 avril. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Le début de la grève des cheminots, lundi soir, ne s’est pas traduit par une panique dans les gares. Si les retours du week-end de Pâques ont été relativement épargnés par le mouvement de protestation contre la réforme de la SNCF, c’est une autre pièce qui se joue mardi 3 avril pour les voyageurs et usagers quotidiens des TER en régions, RER et Transiliens en Ile-de-France.

Chez les personnels tenus de se déclarer 48 heures avant le début du mouvement de cessation de travail, la compagnie ferroviaire a recensé près d’un salarié gréviste sur deux (48 %) et jusqu’à plus de trois sur quatre chez les conducteurs (77 %). Le trafic sera donc « très perturbé ».

Sur les grandes lignes, la SNCF prévoit un TGV sur huit en moyenne, l’axe Sud-Est étant le plus impacté (un sur 10). Même chose pour les Intercités, dont sept lignes ne seront carrément pas desservies. Le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait averti que des lignes seraient « fermées ». Dans les régions, un TER et un Transilien sur cinq sont annoncés. En Ile-de-France, la circulation des RER sera variable selon les axes, allant d’un train sur deux à un sur cinq. Certaines branches ne seront pas desservies.

« Détruire le service public »

Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF sont vent debout contre le projet de réforme du rail, qui « vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique », selon eux.

Les remontrances de M. Pepy ou de la ministre des transports Elisabeth Borne, fustigeant une grève « décalée » ou « incompréhensible » au vu de la « concertation » engagée, n’y auront rien fait. Pas plus que l’annonce de la voie législative pour l’ouverture du rail à la concurrence, au lieu des ordonnances initialement envisagées.

Malgré des modalités différentes, CGT, UNSA, SUD et CFDT sont tous lancés dans la bataille : une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu’au 28 juin pour CGT, UNSA et CFDT ; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail.

Douze partis de gauche, dont La France insoumise, le PCF ou Génération. s, leur ont apporté leur soutien contre « la casse de la SNCF », préfigurant selon eux celle de tout le service public. En face, le gouvernement entend tenir bon, voyant dans ce mouvement une « posture de blocage (…) pas justifiée », selon les termes de Mme Borne.

« Premier os social »

Dans Le Parisien, le numéro un de la CGT Cheminots Laurent Brun accuse la direction de la SNCF de chercher « la confrontation entre grévistes et non grévistes ». Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a de son côté appelé à la négociation. « Plus vite on discutera vite avec l’exécutif, plus on a de chances d’éviter un conflit dur que je ne souhaite pas », a-t-il dit au Figaro.

« Les négociations se poursuivent », avec « une dizaine de réunions » prévues cette semaine, a insisté lundi sur Europe 1 Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF. De son côté, Alain Krakovitch, directeur général de Transilien, a déclaré sur BFM-TV que la grève coûterait « entre 10 et 20 millions par jour ».

Pour la presse, Emmanuel Macron et le gouvernement « jouent très gros » face à ce « premier os social » du quinquennat. « La guerre d’usure » est déclarée, titrent ainsi, mardi, Le Parisien et Le Figaro.

Le mouvement des cheminots se conjugue d’ailleurs avec la quatrième journée de grève chez Air France, où la compagnie prévoit d’assurer 75 % des vols. La tempête sociale ne s’arrêtera pas au rail et dans les airs. Outre la grogne des étudiants, la CGT appelle à la grève dans l’ensemble de la filière déchets (public et privé) et a déposé aussi un préavis dans le secteur de l’énergie.